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Alexandre Jung

Directeur de conservatoire & chef d’orchestre



alex jung coul cop.grégory massatAlexandre Jung a fait ses études musicales en Alsace (Strasbourg notamment), puis au Luxembourg avec Alain Crepin et à Paris (Ecole Normale de Musique avec D. Rouits). Finaliste des concours internationaux de chefs d'orchestre (Besançon, Kerkrade, Donatella-Londres). On ne peut tout citer (voir en fin d'article). Et surtout, nous avons voulu en savoir un peu plus sur les différentes facettes de son métier  de formateur et de chef d'orchestre ; un acteur qui contribue à la valorisation de la pratique musicale dans notre pays.

Très tôt, tu as fait des études de direction d’orchestre en parallèle avec la clarinette…
Au CRR de Strasbourg, une classe de direction d’orchestre s’est créée. J’avais une quinzaine d’années et je me suis senti attiré par cette voie. La même année, j’ai eu l’opportunité de prendre la direction d’un orchestre à vent dans lequel je jouais comme clarinettiste. Avec la chance de mettre en pratique ce que j’apprenais, à la fois sur le plan musical, mais aussi humain et relationnel, la gestion, le management, …
Maintenant directeur du conservatoire de Mulhouse, je peux tirer parti de cette expérience en milieu amateur, avec des hommes et femmes de tous âges, de tous milieux sociaux. Développer ces compétences au sein des pratiques en amateur, associé à un cursus de formation spécifique aux directeurs d’établissement d’enseignement artistique, m’a beaucoup servi et me sert encore. Musiciens de pratiques en amateur ou élèves de conservatoire, c’est un contrat basé sur le volontariat. Je dois motiver les gens et cela me motive à mon tour !
Cette motivation s’obtient, entre autres par les projets. Les éditions Robert Martin m’ont mis en relation avec François Rousselot par exemple, ce qui a abouti un premier projet de Ciné-concert avant d’en appeler d’autres, incluant différentes créations. Ainsi, mon rapport à l’édition n’est pas seulement de feuilleter un catalogue, c’est aussi la mise en relation avec des artistes, des compositeurs, bref, un partenariat constructif.

alex jung harmonie saverne, patrick hermann Tu as dirigé des harmonies amateur et professionnelles, et dans les conservatoires on côtoie des amateurs et de futurs professionnels...
Pour ce qui est des harmonies professionnelles françaises, elles sont exclusivement dites « en uniforme ». J’ai dirigé notamment la Musique de la Police Nationale à 24 ans, de 2007 à 2010 : 153 musiciens dont 92 dans l’harmonie dont j’avais plus particulièrement en charge la direction artistique. Voulant revenir en Alsace, j’ai saisi l’occasion lorsque le poste de directeur de l’École municipale de musique de Saverne était vacant, avec la possibilité de construire un nouveau projet professionnel.
Ce que j’ai toujours trouvé épanouissant dans l’orchestre d’harmonie, c’est le fait de promouvoir un répertoire original. Les compositeurs ne sont pas toujours aussi connus du grand public qu’en musique classique, mais ce répertoire récent dans l’histoire de la musique est en train de faire son chemin.

alex jung symphcrd mulhouse mahir karababaAvec l’orchestre symphonique du conservatoire, je viens de réaliser un concert So British qui mettait en valeur le répertoire anglais : Malcolm Arnold, Vaughan Williams, Elgar, ...

J’œuvre aussi pour que même les orchestres de 1er et 2e cycles puissent bénéficier de créations. C’est un vrai laboratoire, il y a du répertoire à créer à tous niveaux.


Comment se construit une création ?
Il y a plusieurs entrées possibles. Au début de cette interview, je parlais des rencontres avec des compositeurs, parfois suscitées par des éditeurs. J’ai aussi cherché à entrer en contact directement avec des compositeurs, pour valoriser un soliste, un répertoire ou encore une esthétique. Déjà à l’époque de l’orchestre de la Police, beaucoup de compositeurs m’écrivaient directement, cela continue aujourd’hui : des propositions venant bien souvent des quatre coins du monde. Les réseaux sociaux facilitent aussi ces prises de contacts. En France, je crois que la musique d’harmonie est abordée plus fréquemment qu’autrefois dans les classes de composition et d’orchestration.
Chaque conservatoire est face à la question de ses liens avec la pratique amateur (et de la formation des encadrants) tout en accompagnant les élèves les plus avancés, futurs professionnels, vers des établissements d’enseignement supérieur. Du côté des pratiques en amateur, travailler leur attractivité et leur image est indispensable à leur pérennité. Des initiatives comme l’Orchestre d’harmonie de la région Centre dirigé par Philippe Ferro ou encore le Toulouse Wind Orchestra que j’ai eu le plaisir de diriger contribuent à promouvoir l’orchestre à vent d’aujourd’hui.

Est-ce que c’est difficile de diriger à la fois un orchestre d’harmonie et un orchestre symphonique ?
Dans les deux cas, je dirige, ou plutôt je conduis l’orchestre vers une interprétation qui est la mienne, fondée sur ma compréhension de la partition et donc du compositeur. L’instrumentation modifie la pâte sonore avec laquelle travailler, mais il me tient à cœur de tendre toujours vers le beau et vers les émotions que procurent la partition et ce, peu importe l’effectif et sa nomenclature. Si beaucoup se posent la question pour moi, j’avoue ne pas me la poser.

Le milieu musical symphonique, du chef d’orchestre au musicologue ou critique de disque, vient souvent du milieu piano ou violon, et plus rarement des vents… Je pense à Bernstein qui a eu une démarche intéressante. Dès le départ il voulait être compositeur et chef. Il a étudié le piano, mais aussi un peu la clarinette et le violoncelle, car il voulait connaître de l’intérieur les vents et les cordes…
J’ai eu, en toute humilité, un peu la même démarche ! J’ai étudié le violoncelle et la contrebasse, en complément de mon instrument d’origine, la clarinette, car je voulais en comprendre le fonctionnement pour progresser comme chef d’orchestre. 

Peux-tu nous en dire plus sur les actions pédagogiques en milieu scolaire ?
Lorsque je dirigeais la Musique de la Police, les « Pôles sup. » se mettaient en place sur le territoire national ; je leur ai proposé des stages d’immersion dans l’orchestre, à l’époque avec la classe de saxophone du pôle supérieur de Poitiers. Avec l’orchestre de la Police, on a mené des actions artistiques dans les quartiers dits « difficiles », on a été parrains d’Orchestres à l’École : on a tissé des liens forts avec les jeunes et la population.
Aujourd’hui, entre le dispositif DEMOS implanté depuis six ans à Mulhouse, les classes à horaires aménagés musique et danse, les interventions en milieu scolaire et autres actions ciblées dans le cadre du conservatoire, l’EAC (éducation artistique et culturelle) est une des missions importantes de l’établissement.
Quant aux encadrants de formations amateur (chant choral, orchestres à vent, …), nous avons un rôle à jouer pour les accompagner en leur fournissant des contenus adaptés, en formation continue ou lors de stages. On s’adapte à un monde en évolution, les remises en question sont nécessaires. Les rencontres entre chefs peuvent être fructueuses, favorisant ainsi l’émulation entre pairs.

Lorsqu’on lit le livre de Francis Pieters sur Désiré Dondeyne (1), on réalise que Désiré a fait (re)découvrir la
Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz, mais aussi plein de grands compositeurs français de la fin XIXe et du XXe qui ont composé pour harmonie. Et l’on s’aperçoit qu’à part les Dyonisiaques de Schmitt et quelques rares autres, ce répertoire n’est pas joué… Pourtant, ces noms, qui sont souvent les mêmes que ceux joués en orchestre symphonique, pourraient peut-être ouvrir les portes des grandes salles de concerts aux harmonies et susciter un intérêt des médias ?
Désiré Dondeyne était un pionnier. Je suis admiratif du travail réalisé au bénéficie du répertoire pour orchestres à vent. Continuons à interpréter ce répertoire bien identifié, à côté des compositeurs moins connus du grand public ; et sans oublier des œuvres nouvelles, car il faut faire vivre et évoluer ce répertoire en suscitant des créations. C’est un équilibre à trouver.

Des projets ?
Dans le territoire où je suis, il y a trois conservatoires, Colmar, Mulhouse et Saint-Louis, et de nombreuses écoles de musique qui font un travail remarquable. Il me tient à cœur de valoriser cette tradition des vents qu’on a en Alsace comme dans le Nord de la France. Nous avons en projet de créer un orchestre à vent pour nos élèves les plus avancés, réunissant des élèves de toute la région, et fonctionnant en sessions. Le format de cet orchestre doit permettre d’aborder un répertoire exigeant travaillé avec des chefs invités et suscitant émulation, motivation et acquisition de nouvelles compétences que chacun pourra ensuite apporter auprès de leurs formations habituelles. 

Jean-Marie PAUL
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(1)    Œuvres de François Rousselot chez Robert Martin :
https://www.edrmartin.com/fr/votre-recherche-2141275/page-1/
(2)    Pour le livre de Francis Pieters sur Désiré Dondeyne :
https://www.edrmartin.com/fr/livre-biographie-desire-dondeyne-pieters-francis-livre-avec-cd-22087.html
 
POUR EN SAVOIR PLUS
Interview d’A. Jung au journal l’Alsace, 2020 :
https://www.lalsace.fr/edition-mulhouse-thann/2020/01/23/les-projets-d-alexandre-jung-nouveau-directeur
Sur le Cadence Wind Orchestra et les actions de formation :
https://cadence-musique.fr/index.php

BIOGRAPHIE D'ALEXANDRE JUNG :
Alexandre Jung mène une double carrière de chef d’orchestre et de directeur d’établissement d’enseignement artistique. Originaire de Haguenau (France), c’est au sein du conservatoire de sa ville natale qu’il débuta l’apprentissage de la clarinette. Sa formation artistique s’est poursuivie au Conservatoire à Rayonnement Régional de Strasbourg, où il s’est initié à la direction d’orchestre dès l’âge de 16 ans. Dès lors, porté par une passion grandissante, il n’a cessé de se perfectionner dans cette discipline ; tout d’abord au conservatoire de musique de la ville d’Esch-sur-Alzette (Luxembourg) auprès d’Alain Crepin, avant d’entamer ses études supérieures en direction d’orchestre à l’Ecole Normale de Musique « Alfred Cortot » de Paris dans la classe de Dominique Rouits. Il est diplômé en direction d’orchestre, clarinette, musique de chambre, écriture et orchestration. Il est également titulaire du DADSM délivré par la Confédération Musicale de France et du Diplôme d’État en direction d’ensembles instrumentaux.

Grandissant dans une région marquée par une forte tradition orphéonique, il consacre naturellement une partie de son activité aux orchestres à vent. Tout en assurant l’encadrement de diverses pratiques en amateur, son parcours l’a amené à diriger des orchestres à vent professionnels tels que la Musique de la Gendarmerie Mobile ou la Musique Militaire Grand-Ducale (Luxembourg), avant d’être nommé, par voie de concours, à l’âge de 24 ans, chef de musique de la Musique de la Police nationale. Il est ainsi devenu le plus jeune chef d'orchestre en poste dans l’histoire de cette prestigieuse formation.

Il a dirigé de nombreux concerts dans les plus belles salles de l’Hexagone, a accompagné des solistes de premier plan (Pierre Dutot, Claude Egéa, Claude Faucomprez, Philippe Geiss, Stéphane Labeyrie, Denis Leloup, Benoît Wery, …), a assuré de nombreuses créations (Sylvain Marchal, Guy-Claude Luypaerts, Jean-Louis Petit, …), a réalisé des enregistrements salués par la critique spécialisée (« Étoile de la mer » pour le label Corélia, …), a construit des liens avec des établissements supérieurs d’enseignement artistique, et a impulsé des actions pédagogiques en milieu scolaire. En 2010, il a été nommé chef de musique honoraire de la Musique de la Police nationale par le ministère de l’Intérieur.

Depuis, tout en poursuivant son engagement pour l’essor des ensembles à vent (depuis 2012, directeur musical de l’Orchestre d’harmonie de Saverne), il développe son activité symphonique et opératique sur le plan international autour d’un répertoire qui s’étend de la musique du XVIIIe siècle aux créations contemporaines. Il continue à se perfectionner auprès de chefs d’orchestre tels que Douglas Bostock, Jan Cober, Claire Gibault et Kenneth Kiesler.

Il a été finaliste lors de prestigieux concours internationaux en direction d’orchestre : 54e concours international de Jeunes Chefs d’orchestre de Besançon, the Donatella Flick-LSO Conducting Competition 2016 de Londres, et the 18th World Music Contest de Kerkrade.

Alexandre Jung a dirigé des orchestres tels que le Cadence Wind Orchestra, Toulouse Wind Orchestra, les orchestres de Disneyland Paris, l'orchestre d’harmonie de Franche-Comté, Valencia Youth Orchestra, University Wind Orchestra Hungary, European Union Youth Wind Orchestra, Freiburger Blasorchester, The United Strings of Europe de Londres, Berlin Sinfonietta, l'orchestre de l'Opéra de Massy, Musique militaire Grand-Ducale, Musique de la Gendarmerie Mobile, …

Parallèlement à sa carrière de chef d’orchestre, ses compétences artistiques, pédagogiques et managériales l’ont amené à exercer le métier de directeur d’établissement d’enseignement artistique. Il s’est formé auprès de l'Institut National des Études Territoriales (promotion Edgar Morin). Après avoir œuvré sur le Canton de Niederbronn-les-Bains, puis à Saverne, il est actuellement directeur du Conservatoire à Rayonnement Départemental "Huguette Dreyfus" de Mulhouse (musique, danse, art dramatique), il dirige l’orchestre symphonique du conservatoire et y encadre la classe de direction d’orchestre. Par ailleurs, il s’implique dans l’encadrement de pratiques en amateur, intervient régulièrement en qualité de formateur et mène une activité de chef invité.







J.M.P.