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Robert Janssens

Musicien d'exception !



r.janssensIl est des rencontres qui vous marquent plus que d’autres. Celle avec Robert Janssens fait partie de celles-là. C’est à la Cité de la Musique à Paris que j’ai eu le bonheur d’échanger avec ce musicien d’exception. A l’occasion de ce concert a été jouée sa pièce intitulée « Fantaisie sur la Flûte Enchantée » d'après W.A. Mozart dans la version pour flûte solo et orchestre, interprétée par le talentueux flûtiste Emmanuel Pahud.
C’est un homme discret qui se présente à moi. Au fil de notre conversation je découvre un musicien hors norme, à la carrière fabuleuse.

Robert Janssens est né en 1939 en Belgique dans une famille de musiciens amateurs passionnés.

« La musique était omniprésente dans le foyer grâce aux disques de musique classique qu’achetait ma mère et notamment les ouvertures de Rossini... Après la guerre c’était l’époque des tourne-disques ! »

Il reçut un enseignement musical classique. A l’âge de 7 ans il entre à l’académie* de musique de Bruxelles où il débute par la clarinette. Puis plus tard il intègre le Conservatoire** Royal de Bruxelles comme corniste et entre dans la classe de direction d’orchestre alors qu'il vient d'obtenir le diplôme pédagogique d'instituteur après ses humanités latin-mathématiques.

La musique fait partie intégrante de sa vie depuis toujours. La composition est son intérêt essentiel et son principal moyen d'expression.

« Déjà à 12 ou 13 ans j’écrivais des mélodies instrumentales, des pièces pour ensembles… Les projets de création m’ont toujours captivé »


Le catalogue de ses œuvres est très fourni. On y compte deux opéras. Le premier, sur la pièce d'Adolphe Nysenholc, intitulé « Mère de guerre », traite d’un enfant juif caché pendant la guerre. Le second, "Mademoiselle Jaïre", est écrit d’après l'œuvre éponyme du célèbre dramaturge, Michel de Ghelderode.
Il a écrit des concertos pour presque tous les instruments. Un ballet intitulé « Yerma », sur l’œuvre de F.G. Lorca, a donné lieu à plus de 50 représentations dont celles au Théâtre de la Porte Saint Martin. Un autre ballet, "La Dame aux Camélias" d'après Verdi, pour une voix, ballet et orchestre a eu autant de succès sur les scènes parisiennes.
Il faut ajouter à toutes ces œuvres, des symphonies, trois quatuors, et quelques arrangements de certaines de ses œuvres symphoniques pour orchestre d’harmonie, des cantates, des Noëls traditionnels pour enfants…

Parallèlement à la composition, Robert Janssens est venu à la direction d’orchestre très jeune, durant ses études au cours desquelles il a dirigé des orchestres amateurs.

« Ces ensembles étaient alors à la recherche de personnes aux connaissances musicales approfondies. Ces expériences m’ont permis de me nourrir de différents styles. En effet j’ai dirigé également un orchestre de jazz avec lequel mes copains et moi animions les bals du samedi soir ! »

Ce qu’il lui plait dans la direction d’orchestre est la possibilité de mener les musiciens vers une conception qu’il se fait de l’œuvre. C’est ce qu’il a pu réaliser pendant quelques années avec la RTBF, l’orchestre de la radio belge, jusqu’à sa suppression en 1991. Cet orchestre donnait la possibilité de créer des compositions d'artistes belges. Robert Janssens a ainsi pu créer plusieurs de ses œuvres avec cet orchestre sous sa direction. Il existe une dizaine de CD et beaucoup d’enregistrements vidéo qui ne sont pas encore numérisés.

A cette activité musicale dense, il faut rajouter l’enseignement. En effet il a été directeur de l'Académie* de Musique et des Arts Parlés de la Ville de Bruxelles où les cours sont dispensés à tous les niveaux dès les petits. Puis il a été nommé professeur de direction d'orchestre au Conservatoire** Royal de Bruxelles.
Robert Janssens a également été chef du pupitre des cors à l’Opéra Royal de Wallonie pendant 10 ans, avant d'y passer au pupitre de direction de l'orchestre.
Sa carrière fut couronnée par le Prix de l’Académie Royale de Belgique pour son œuvre « Narcisse », composée de 5 mélodies orchestrées pour orchestre symphonique et voix d’alto. Ce fut pour lui la consécration de sa vie de musicien et une reconnaissance en tant que compositeur.

Il est aussi Chevalier de l'Ordre de Léopold, membre francophone de l’Union des Compositeurs Belges (UCB) et fait partie également du Conseil d’administration de la SABAM, (SACEM belge) dont il a été deux fois vice-président.

Pour terminer l’évocation de ce parcours exceptionnel, Robert Janssens nous parle de sa musique et nous livre quelques réflexions sur le monde musical aujourd’hui :

« Ma musique est une musique d’aujourd’hui même si elle n’est pas d’avant-garde. J’écris de la musique tonale. En effet pour moi la mélodie n’a pas dit son dernier mot ! Il n’y a qu’à observer la production musicale dans le monde de la variété. Il y a toujours de nouvelles chansons qui remportent beaucoup de succès. Alors pourquoi abandonner la mélodie dans la musique dite « sérieuse » ?
Un fossé s’est creusé entre la musique contemporaine et le public. Il y a une incompréhension, peut-être due à un certain snobisme, dans la musique classique. Cette image de musique élitiste qu’elle renvoie vient en partie des musiciens qui l’interprètent.
Écrire de la musique tonale et mélodique ne veut pas dire qu’il faut écrire selon le goût du public.
Le compositeur écrit ce qu’il a envie d’écrire, ce qui surgit en lui, sans se soucier de savoir si sa composition va plaire ou pas. Le point de départ c’est l’idée. Ensuite il l’enrobe pour en faire une œuvre construite, communicable. En tout cas c’est ma façon de procéder.
Je constate que les compositeurs d’aujourd’hui ont beaucoup de difficultés à faire jouer leurs œuvres. Si je prends l’exemple de mon pays, la Belgique, les orchestres ne mettent pas à leur programme la musique de compositeurs belges. La raison principale est économique. Les orchestres et les institutions n’ont pas toujours les fonds nécessaires à la création. C’est pourquoi nous essayons d’infléchir cette tendance par le biais de l’Union des Compositeurs Belges (UCB) dont la mission est de diffuser la production orchestrale de nos compositeurs. Même si nous ne sommes pas toujours écoutés, nous continuerons à défendre la création musicale.
 »

*En Belgique, les académies correspondent aux conservatoires régionaux en France.
** Le Conservatoire Royal de Bruxelles est l'équivalent du Conservatoire National de Paris.


Site à explorer : www.robertjanssens.be

C.F.