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Pierre Dutot Entre Los Angeles et Bordeaux

Pierre Dutot, personnalité charismatique du monde de la trompette, a consacré sa carrière professionnelle à transmettre sa passion, son exigence et son intuition musicale à plusieurs générations de musiciens comme enseignant au CNSMD de Lyon, à Caen, à Villeurbanne et à Bordeaux. Il est également apprécié comme musicien d’orchestre ou soliste et animateur d’orchestre, à cordes, cuivres et brass bands. En exemple, l'ensemble Hexagone a déjà représenté la France à l’ITG à Bangkok en 2005. A 70 ans, toujours actif, ce grand sportif, diplômé en Education physique et en Psychologie, toujours prêt à emboucher la trompette, a été en juin l’invité à Los Angeles de l’International Trumpet Guild et a enchainé à Bordeaux avec le festival de Brass Band pour fêter les dix ans du Brass Band BORGIAQ Questions à Pierre Dutot Pierre, en ce début du mois de juin, tu as participé à deux évènements d’importance, à Los Angeles, invité de l’International Trumpet Guild puis à Bordeaux le 12 juin pour le festival anniversaire du Brass Band BORGIAQ que tu as créé il y a 10 ans. C’est une retraite très active ? EH OUI !!! Retraité actif et heureux de vivre cette quinzaine de jours très riche. C'est un énorme privilège, et j'en suis conscient que nous musiciens puissions continuer à vivre de notre passion – celle de "marchands de bonheur". Et après toutes ces années d’enseignement avoir encore l’envie et la possibilité de partager mon expérience est une grande joie. Ce fut le cas a L'ITG Conference où j'étais invité à donner un concert, une master class et un "warm up" matinal. Au lieu du traditionnel concert piano-trompette, j'ai proposé un récital accompagné par l'ensemble national de trompettes du Mexique avec lequel je venais d'enregistrer un CD qui sortait le jour du concert 1er juin ! Quel fut l’accueil du public de spécialistes ? En toute modestie, ce fut un triomphe ! J'ai interprété six pièces en soliste qui m'ont permis de jouer tous les instruments : trompette, piccolo, cornet mib, cornet sib et le bugle. Les mexicains ont joué "LEUR" musique traditionnelle (mariachis, folk, etc.. ) avec bien entendu la célèbre "Virgen de la Macarena" brillamment interprétée par Juan Luis Gonzales. En 2006, Juan Luis était étudiant dans ma classe au CRR de Bordeaux. Il est depuis cette année trompette solo de l’Opéra de Mexico. Pour ce concert de l’ITG, il a réuni dix collègues et a fondé ce formidable ensemble qui promotionne la musique mexicaine au royaume de la trompette, des mariachis et de Raphael Mendez ! Pierre Dutot et l’Ensemble National de Trompettes de Mexico Nous avons également voulu honorer un compositeur français de talent André Telman en interprétant trois de ses œuvres dont certaines sont éditées aux éditions Robert Martin : Cérémonial, Tutti En Forum et Entre Douceurs et Frissons. Le stand des éditions, exposant sur le congrès, le lendemain a été pris d'assaut et nous n’avons pas pu satisfaire toutes les demandes tant les pièces d’André Telman avaient été appréciées du public. Nous avons eu droit à une standing ovation et à la venue sur scène du célébrissime trompettiste Doc Severinsen, 88 ans, icône de la trompette qui félicita les mexicains en leur déclarant que c'était le plus beau concert depuis le début du congrès. DOC SEVERINSEN félicite Pierre Dutot et l’Ensemble de trompettes de Mexico et apprécie le CD en cadeau. D’autres français étaient invités ? Un autre groupe français représentait l'école française des cuivres : l'ENSEMBLE DE TROMPETTES DE LYON. Ils étaient programmés pour deux concerts dont le concert final du congrès, une lourde responsabilité. Le premier concert était tellement bien réussi que le "bouche a oreille" a fonctionné à merveille et c'est devant une salle comble qu'ils ont remporté un triomphe amplement mérité et salué par une longue et chaleureuse standing ovation ! J'en profite pour dire que CE groupe au talent unanimement reconnu à l'étranger ne se produit qu'épisodiquement en France. Quel dommage ! C’est pourtant avec eux l’assurance de passer une super soirée. Message aux programmateurs : MERCI de ne pas aller chercher à l'étranger ce que vous avez CHEZ VOUS ! Les trompettistes Lyonnais, mexicains et Pierre Dutot C’est la 41ème édition de l’ITG. Cette rencontre a-t-elle encore du « souffle » ? Ce congrès mondial de la trompette est très fédérateur et permet pendant une semaine aux trompettistes du monde entier de se rencontrer et d'assister à de très belles prestations. On ne peut pas les citer toutes mais le concert de d’Arturo Sandoval, le récital de Manu Mellaert, le concert final de big band, la master class du pupitre de trompettes de l'orchestre symphonique de Los Angeles… sont autant de moments privilégiés dont nous avons pu profiter. Quelle est la place de cornet à pistons lors de l’ITG ? Je tiens à signaler que le cornet à pistons garde ses lettres de noblesse et que son répertoire de concert en soliste est toujours bien représenté dans les conférences internationales et concerts…… mieux qu’en France, son pays d’origine. L’ITG rassemble chaque année les trompettistes du monde entier. Penses-tu possible que la France accueille un jour ce rassemblement de trompettistes internationaux ? Tous les quatre ans à peu près l'ITG quitte les USA. Les villes de Rotterdam, Manchester, Bangkok, Sydney ont reçu l'ITG Conference. Jamais une ville française. Les américains sont fédérateurs, les français individualistes ! Hélas. Seul Jacques Mauger a réussi cet exploit de réunir en 2012 les trombonistes du monde entier à Paris. Le charisme, la générosité et la convivialité de Jacques sont devenus légendaires et son envie et sa passion ont fait le reste bravissimo ! Respect. Personnellement, j'avais envisagé de faire une session à Bordeaux, mais il faudrait pour cela un consensus général, ce qui est loin d'être acquis. Et pourtant je suis un optimiste de nature.

De retour de Los Angeles, tu as préparé à Bordeaux le Festival de Brass Band pour célébrer les 10 ans du BB BorGiAq programmé le 12 juin. Encore des émotions en perspectives ? Pour cette année, je me suis concentré sur les dix ans du BRASS BAND BORGIAQ de Bordeaux. Une grande réussite grâce à un bureau de l’association hyper performant qui a œuvré pour une organisation exemplaire. Le BB BorGiAq a essaimé depuis dix ans, et tu as pu inviter sept autres Brass Bands du Grand Sud-Ouest : Côtes et Cuivres (Blaye), le BB de Charente, le BB du Conservatoire de Bordeaux, le BB du Delta, l’Euskal BB, le BB des Landes, le BB Occitania (Toulouse). C’est pour toi une fierté en tant qu’enseignant de voir les cuivres se développer ainsi de manière exponentielle ? C’est en 2006 que nous avons créé ce BRASS BAND, à l’époque le seul et unique en Aquitaine. En 2016, huit brass bands existent suite à la promotion que nous avons faite pendant ces dix ans. Donc, nous fêtons l’anniversaire du plus âgé entouré des "petits" derniers. La coïncidence a fait que mon anniversaire tombe le même jour, le 11 juin ! Pour le fédérateur que je me suis efforcé d’être en cinquante années d’enseignement et de «défricheurs » de groupes musicaux, cette rencontre de Brass Bands a été le plus beau cadeau que je n’ai jamais reçu. Quel fut le programme des festivités ? Une journée entière consacrée aux cuivres, deux grands solistes concertistes internationaux exemplaires par leur professionnalisme, leur modestie, leur gentillesse, leur charisme au service de leur immense talent, Stéphane Labeyrie et Jacques Mauger. Huit brass band talentueux donnant le meilleur d'eux même au service de la musique populaire au sens noble du terme, Une journée festive au cours de laquelle les musiciens communient avec le public et partagent leur émotions. Tout cela avec une exigence de qualité exemplaire. Des rencontres où tous les brass bands de la grande région sud ouest se retrouvent sans souci de compétition, uniquement pour le plaisir de partager. Certains musiciens ne s'étaient pas vus depuis plusieurs années et ont renoué le contact. QUE DU BONHEUR ! Le Festival à Bordeaux a été accueilli dans la cour de l’Hôtel de Ville. La municipalité et la Métropole vous soutiennent pleinement ? Le seul point noir ce sont les finances ........ TOUT POUR L'EURO de Foot ! Aucune subvention de la région, du conseil général ni de la mairie. Un comble pour un Brass band qui s'appelle BORGIAQ (BORdeauxGIrondeAQuitaine). La mairie de Bordeaux nous a toutefois fait profiter d'un lieu magique et nous a facilité la logistique pour l'évènement. Heureusement un viticulteur Le château LISENNES est venu à notre secours et a largement contribué aux finances de l'opération. Tu en es le directeur artistique et le chef aux côtés de Thibaud Fuster. Comment vous coordonnez-vous ? La direction de BORGIAQ est bicéphale et je l'ai voulu dès le départ car les formations qui ne tiennent que par la volonté d’une seule personne sont fragilisées au moindre incident. Il faut savoir prévoir et assurer la pérennité d'une formation. De plus, il faut donner leur chance à de jeunes chefs. Cela fait partie de mes convictions profondes. A Bordeaux, les solistes invités du Festival étaient le tubiste Stéphane Labeyrie et le tromboniste Jacques Mauger. Quels répertoires choisis ? La cerise sur le gâteau du double anniversaire, c'était bien évidemment la présence de deux prestigieux solistes qui nous ont régalés. Je remercie Yamaha et Le Groupe Buffet pour leur partenariat. Au tuba, Stéphane, dans les concertos d’Aranjuez et de Gregson et Largo Al Factotum de Rossini. Jacques, au trombone, avec Bolivar, Langford et le célèbre standard Over The Rainbow.   Pour conclure le festival, un « Massed Band » rassembla sur le parvis de la Cathédrale De Bordeaux un ensemble de cornemuses d’Aquitaine, Highlanders Pipe Band et les huit Brass Bands pour un émouvant Amazing Grace suivi de trois autres pièces pour terminer le concert, les 250 musiciens des brass bands ont donné La Marche des trompettes d’Aïda rejoints par 350 musiciens de 7 à 77 ans venus des écoles de musiques avec leurs professeurs ou bien des harmonies de la région. La mission de fédérer un maximum de participants autour des cuivres et de ce projet est accomplie et si l’on en croit les échos très favorables du public, elle est réussie. Tous en redemande et nous pouvons d’ores et déjà annoncer la prochaine édition de ce festival qui se déroulera à la mi-juillet 2017 dans le Gers piloté par le Brass Band Occitania. A titre personnel, comme trompettiste et toujours invité comme enseignant, quels sont tes projets ? Les projets, j’en ai beaucoup. Et en premier lieu la réalisation pour les éditions Robert Martin d’une méthode pour les petits débutants de 6 à 10 ans. Pendant longtemps j'ai résisté aux sollicitations d’écrire une méthode car la pédagogie est un art en perpétuel mouvement. Mais pour fêter mes cinquante ans d'enseignement, je viens de sortir avec André Henry une méthode quasi incontournable pour les trompettistes : les 26 exercices d'articulation de Jean-Baptiste Arban, revus, revisités et réécrits de manière récréative avec un CD d'accompagnement. Puis également la Méthode "premier âge"(Apprendre en s’amusant : Initiation à la trompette) qui sort en juillet avec la complicité et le talent d’André Telman qui me permet de partager mon expérience car tout au long de ma carrière j'ai toujours gardé le contact avec les débutants. En toute modestie, je crois que ce matériel va être un très grand succès pédagogique. Déjà de nombreux collègues l’attendent avec impatience. Pour le reste des projets personnels, je continue de mener ma vie de "globe-trotter", de partager mon expérience en multipliant les rencontres pour favoriser la promotion de mon instrument. Partant du constat que l’on ne peut aimer que ce que l’on a rencontré, je continue à visiter des centaines de scolaires et à m'investir pour les orchestres à l'école et en apportant mon soutien aux associations comme audition solidarité ou l'arbre médicinal. Poursuivre ma vocation de marchand de bonheur, améliorer ma qualité de vie et celle de ceux qui m’entourent en jouant mon instrument, la trompette, c’est cela qui m’anime. Un jour, je sais que cela s’arrêtera. Mais ce n’est pas encore pour demain. Je donne rendez-vous aux passionnés au Texas en 2018 pour l’ITG Conference et à Bordeaux en 2026 pour les vingt ans de BORGIAQ et de la vingtaine de brass bands dans le grand SUD OUEST !……..pardon ………LA NOUVELLE AQUITAINE !

Y.R.