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UNE FARCE HÉROÏQUE Le clairon Rolland |
Pour le 9 juin 2013, le petit village de Lacalm dans l’Aveyron prépare les festivités du 100ème anniversaire du clairon Rolland avec la patrouille de France en invitée d’honneur. On connait Roland et son cor traversant les Pyrénées. Mais qui connait l’histoire du clairon Rolland dit "Le clairon de SIDI-BRAHIM" ? Cette cérémonie du 9 juin à Lacalm célèbre la décoration de la Légion d'honneur reçue en 1913 par Guillaume Rolland pour ses faits d'armes de 1845. Un reportage paru le 1er août 1913 dans la revue "Lecture pour tous" nous éclaire sur l’un des rares survivants à l'époque du célèbre combat de Sidi-Brahim, le clairon Rolland qui s’illustra lors de cette bataille à Sidi-Brahim (21-22 et 23 septembre 1845). La Bataille de Sidi-Brahim, c’était en septembre 1845. Abd el-Kader, chef de guerre Algérien, harcelé par les troupes du corps expéditionnaire des troupes d'Afrique, s’était réfugié en territoire marocain et y soulevait les tribus. Le 21 septembre, le lieutenant-colonel de Montagnac qui commande les postes Djemmaa, près de la frontière, comptant sur l’aide d’une tribu soi-disant amie, celle des Souhalias, forme une petite colonne de 60 cavaliers du 2e Hussards et 4 compagnies de chasseurs d’Orléans. Rolland est clairon à l’une de ces compagnies. Le 23 au matin, contact est pris avec l’ennemi commandé par Abd el-Kader en personne. Le combat s’engage, affreusement meurtrier. La totalité des hussards et les quatre cinquièmes des Chasseurs restent sur le terrain. Les Arabes se précipitent sur les survivants presque tous criblés de blessures – parmi eux se trouve Rolland – et les entrainent prisonniers. Seuls, les débris de la compagnie de Géreaux, retranchés dans le marabout de Sidi-Brahim, résistent encore. |
UNE FARCE HÉROÏQUE Blessé d’une balle à la cuisse gauche et le pied fendu d’un coup de yatagan, il est fait prisonnier et conduit avec quelques prisonniers, exténués et sanglants auprès d’Abd el-Kader. L’émir, intrigué par le clairon fait asseoir Rolland sur le riche tapis où lui-même est assis. - Les Français sont fous, me dit-il, de résister plus longtemps. Il faut qu’ils se rendent ! Connais-tu une sonnerie pour mettre fin au combat ? - Oui, la retraite. - Eh bien ! Sonne la retraite aux Français ! Alors je me lève péniblement, car mes blessures sont douloureuses ; je porte le clairon à mes lèvres, rassemble tout ce que je sens en moi de forces et, les yeux fixés sur l’émir qui va sans doute me faire payer de la vie cette audace, mais le cœur gonflé d’une ivresse secrète, je sonne… la charge éperdument ! Quand j’ai fini, Abd el-Kader attend l’effet promis de la sonnerie. Mais bernique ! Pas ombre d’effet… Comme l’émir s’étonne : - Bah ! Vous savez, lui dis-je, les Français sont têtus ! Il n’y a rien à faire. Ils se battront jusqu’au dernier ! » Après sept mois de captivité, Rolland réussit à s'évader et rejoint Lalla-Maghrina après maintes péripéties. « Dés mon retour à Tlemcen, le général CAVAIGNAC me fit appeler et me parla ainsi : - Je ne puis pas te nommer officier, mais je t’ai proposé pour la croix. En attendant, je veux qu’on te rende les honneurs neufs et dont on se souvienne. Et, m’ayant fait asseoir sur l’affût d’un canon, il ordonna qu’on me fit faire trois fois le tour du camp devant les troupes présentant les armes. Ce fut le plus beau jour de ma vie. Quand à mon clairon de Sidi-Brahim, je l’ai laissé là-bas, dans la brousse. Les chefs marocains s’amusaient à m’en faire jouer ; alors, un jour, profitant d’un moment favorable, je l’ai crevé d’un coup de pied et jeté dans les ronces. J’ai gardé celui qui me fut donné à Tlemcen, il se trouve à l’église de Lacalm. Je l’ai offert, avec ma croix et ma médaille forestière, à Notre-Dame des Victoires. » Guillaume Rolland né le 18 septembre 1821 à Lacalm (Aveyron) est mort en septembre 1915 dans son village natal. Son histoire est racontée dans le livre écrit en 1914 par Jean Ginisty « Le clairon Rolland, dernier survivant de Sidi-Brahim, officier de la légion d'honneur. » Agence de l’Aubrac tourisme Aubrac |
Y.R. |