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ZOOM sur la Pichotte

Le saxhorn alto



pichotteDimanche 3 février résonneront dans l’auditorium de Lyon, neuf Brass Bands français, lancés dans la compétition du Concours National organisé par la CMF.

Depuis une vingtaine d’années, le brass band envahit pacifiquement le territoire français venu de l’Angleterre où il prit son essor à la fin du XIXème siècle.



brass lyon

Le Brass Band venu ou revenu d’Angleterre ?

Si ce sont les anglais qui ont organisé cet ensemble de cuivres et percussions selon une instrumentation spécifiquement dans les tonalités de sib et mib, ce sont bien les saxhorns qui sont au cœur du système.

En 1844., des musiciens français découvrent un bugle, auquel Adolphe Sax avait apporté une modification — une coulisse mobile à ressort permettant d'exécuter des sons glissés, et supprimant les courbes et angles trop heurtés dans les tons de rechange. Toujours en 1844, pendant l'exposition des produits de l'industrie française à Paris, Adolphe Sax présente pour la première fois des saxhorns, qu'il dénomme « bugles ». Ce n'est qu'en 1845 qu'Adolphe Sax utilise le nom de « saxhorn », dans le but de regrouper ces instruments en une famille homogène.


saxhorns

Chaque instrument de la famille des saxhorns utilise les mêmes doigtés pour toute l'étendue de la famille d’où l’intérêt de les rassembler pour les formations d’amateurs et militaires.

Les fanfares en France évoluent pendant les premières expérimentations à une quinzaine de musiciens, puis à travers les réformes successives des régiments militaires de musiques de cavalerie de 1845 jusqu’à 1870. On constate que les fanfares civiles dont l’âge d’or se situe sous la Troisième République, n’ont fait que réadapter le répertoire militaire à leurs moyens propres.

La réforme des musiques militaires d’infanterie et de cavalerie dans l’air depuis 1830 est finalement décrétée par le ministre de la guerre le 19 août puis officialisée le 10 septembre 1845. Elle institue des fanfares de cavalerie de 36 musiciens pour chaque régiment comportant 2 trompettes d’harmonie, 4 trompettes à cylindres, 2 petits saxhorns en mib, 7 saxhorns en sib et 2 en la, 2 en mib, 2 saxo-tromba, 2 cornets à pistons, 4 trombones, 3 saxhorns baryton sib, 3 saxhorns-basses en sib, 3 saxhorns-contre-basses en mib.

Adolphe Sax dirige lui-même chaque dimanche, lors de concerts donnés rue Neuve-Saint-Georges à Paris, un ensemble de quatorze ou quinze cuivres de sa fabrication.

Sax équipe la famille anglaise Distin de saxhorns qui se produit avec succès un peu partout en Europe. Henri DISTIN et ses quatre fils sont les premiers à jouer en quintette de cuivres.

La firme Distin exporte les saxhorns en Angleterre dès 1850. C’est grâce à eux que le brass band s’organise peu à peu. Henry Distin participent activement au développement des brass bands en Angleterre. Il crée une nouvelle ligne d'instruments sous son propre nom.

A partir de cette époque le Brass Brass se développe rapidement en Angleterre maintenant à la place centrale le saxhorn alto en mib, devenu le «tenor horn» puis par simplification, «horn».

En France, le saxhorn alto, en argot Pichotte, sombrera après la seconde guerre mondiale supplanté dans les harmonies par le cor en mib ou en fa/sib. Jusque dans les années 1990, la pichotte est remisée dans les placards des salles de musique amateur, ringardisée par son sobriquet et surtout par les parties centrales très ingrates qui lui étaient confiées dans les arrangements. « Il fallait aimer planter les clous ! ».

Peu d’enseignants osaient le proposer à de jeunes élèves et souvent ignoraient son répertoire soliste porté par des solistes anglais ou suisses de renom. Il reste pourtant  essentiel dans certaines compositions de Berlioz ou dans les Dionysiaques de Florent Schmitt pour Orchestre d’harmonie. Une des rares œuvres originales que lui dédie Paul Hindemith, la Sonate pour Althorn en mib et piano, n'est quasiment jamais jouée avec l'instrument dédicataire.

Ce n'est que dans les années 2000 que les cuivres français pour constituer des brass bands redécouvrent cet instrument, sa facture et la maitrise de sa sonorité.

A la croisée des voies entre le grave et l’aigu, le saxhorn alto est tantôt joué par des trompettistes et cornettistes, des cornistes ou des saxhornistes basses ou "euphoniumistes".

Une jeune génération s’est emparée de cet instrument que l’on pensait perdu en France.

Qui donc aurait cru, il y a une dizaine d’années, que des postes de saxhorn alto seraient proposées au recrutement dans des formations professionnelles françaises. Et pourtant, trois musiciens, spécialistes de la « Pichotte » sont dans les rangs du Brass Band de la Musique de l’Air.

trio pichottes air 2

Altistes du brass band de la Musique de l’Air (photo Matthieu Courant)

Anthony Galinier, Jean Daufresnes et Franck Delville


Y.R.