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SIMON BOLIVAR BIG BAND JAZZ

En tournée en France



sbbb one
Créé voici seulement 8 ans, en 2007 à l’initiative du batteur vénézuélien Andrés Briceño et de Valdemar Rodríguez, Le SIMON BOLIVAR BIG BAND JAZZ (SBBBJ)  se place dans le topten des big bands mondiaux. Pourtant cette formation réunit une quarantaine d’élèves du Conservatoire Simón Bolívar souvent des très jeunes musiciens. Son travail est salué par les plus grands, comme Wynton Marsalis.
batteur
Andrés Briceño

La venue du SBBBJ en tournée en France est la réciproque provoquée par la résidence au Vénézuela du quartet de Samy Thiébault, en octobre 2014, soutenue par l’Alliance française et d' « El Sistema ».
Le SBBBJ  était entre autres lieux, le 6 octobre au Duc des Lombards à Paris, le 9 octobre au Festival Jazz & Garonne à Marmande,  le 10 octobre au Conservatoire de Choisy le Roi et le 13 octobre dans la banlieue lyonnaise, invité du conservatoire de Limonest.big band limonest
Entretien avec Arnaud Caumeil
Directeur du Conservatoire de Limonest


-Le conservatoire associatif de Limonest que vous dirigez vient de vivre ce mardi 13 octobre une soirée mémorable en accueillant en concert le Simon Bolivar Big Band Jazz du Venezuela. Comment s’est organisée cette programmation dans la petite ville de Limonest de la banlieue de Lyon ?
Effectivement vous avez raison de le souligner, Limonest est un petit village de 3.500 habitants qui a la chance de bénéficier du dynamisme d’un Conservatoire (musique et théâtre, nous y tenons beaucoup) qui accueille 350 élèves et rayonne sur 50 communes. Rien ne destinait l’association du Conservatoire à accueillir la première tournée française du Simon Bolivar Big Band Jazz.
Le choix de Limonest s’est fait à la fois par défaut et paradoxalement sur une réputation établie de longue date :
- quand les dirigeants d’El Sistéma et l’Alliance Française du Vénézuela ont travaillé sur la programmation de la tournée, une semaine était prévue au départ du projet. Valdemar RODRIGUEZ, directeur du Conservatoire de Musique Simon Bolivar (CMSB) souhaitait prolonger la tournée d’une semaine supplémentaire. Plusieurs contacts ont été pris au niveau des plus importantes institutions lyonnaises et aucune n’a pu répondre favorablement à la proposition : trop tard, trop compliqué.
- dans le même temps, des contacts ont été pris dans le milieu professionnel pour essayer de trouver un relai local qui puisse répondre au challenge d’accueillir un tel évènement. Monsieur Max DESMURS a eu l’idée de nous proposer : « contacte Limonest, eux diront oui. »

- Quels ont été vos contacts pour accueillir cette formation ?
Notre premier contact est français en la personne de Pascal Zamora, fin connaisseur d’El Sistema, ami de nombreux musiciens là-bas. Pascal Za
mora, hautboïste de l’Orchestre National de Lyon, invite régulièrement des artistes du Vénézuela, via le « Nouvel Orchestre », collectif de musiciens professionnels qu’il a fondé.


boeuf limonest- Aviez-vous besoins de partenaires ?
Au fur et à mesure de la construction du projet et jusqu’à son aboutissement il y a quelques jours, nous avons développé des liens très étroits tout d’abord avec Valdemar Rodriguez, directeur du CMSB, et Andres Marceño, directeur musical du SBBBJ, ainsi que l’équipe administrative qui les épaule. M. le Maire de Limonest Max Vincent a également joué un rôle essentiel dans l’aide au projet apporté par Lyon Métropole. Il faut souligner aussi le soutien important des Éditions Robert Martin qui nous ont proposé une billetterie en ligne, ce qui nous a permis à la fois de maîtriser l’afflux de demandes (nous étions à guichets fermés 24 heures avant !) et de soulager le travail administratif au quotidien. Le site web Jazz Rhône-Alpes ainsi que la presse locale via le Progrès nous ont également bien aidés : dans les deux cas, plusieurs dizaines ont pris des places après avoir lu les infos sur le concert.
Le concert affichait complet dès l’ouverture de la billetterie. Un véritable succès. Comment l’expliquez-vous ?
Je pense que l’on ne mesure pas encore assez en France l’ampleur du phénomène « El Sistema » au niveau mondial, même si l’évolution est très positive depuis 2 ou 3 ans. Pour le peu d’expérience que j’ai de ces rencontres musicales, j’observe que les orchestres Vénézuéliens attirent un public français très largement au-delà du public des « niches » que sont les concerts de musique classique ou de Festival Jazz. La communauté d’expatriés est aussi très mobilisée. J’ai souvenir d’un concert de la Banda Sinfonica (orchestre d’harmonie) au Théâtre du Châtelet il y a 2 ans, avec un public venu de tous les horizons, et très peu de professionnels de l’enseignement artistique dans la salle. Est-ce que la date du concert (un dimanche en fin d’après-midi) a eu un effet dissuasif sur le monde professionnel ? Je ne sais pas. De la même façon, nous avons organisé le concert du Simon Bolivar Big Band Jazz un mardi soir à leur demande expresse, pour tenir compte de leurs contraintes de tournée. Quelques professionnels sont venus et non des moindres, mais finalement peu de directeurs d’école. Nous savons bien que le public lyonnais n’a pas pour habitude de sortir en début de semaine. Et pourtant, nous avons accueilli plus de 350 personnes !
-Parlez-nous de la rencontre des musiciens locaux et des membres du Simon Bolivar Big Band. -Y a-t-il eu d’organisé des rencontres spécifiques, master-class, « bœuf », rencontres pédagogiques avec le Simon Bolivar ?
Je suis heureux que vous posiez cette question : dans notre projet de résidence du SBBBJ, la partie pédagogique était plus importante à nos yeux que la partie diffusion. Il faut rappeler qu’une école de musique et de théâtre n’a pour vocation première de faire de la diffusion – cette mission relève de la responsabilité des très nombreuses salles de spectacle dans la Métropole, sans oublier les Festivals de Jazz qui sont pléthoriques dans la région : rien que cette semaine, « « Rhino Jazz » et « Un Doua de Jazz » sont des rendez-vous incontournables et appréciés des aficionados. Ici, il faut préciser que nous nous sommes heurtés au fameux « plafond de verre », à savoir qu’une école n’est pas légitime aux yeux des institutions pour accueillir un orchestre de classe mondiale. Nous avons dû nous débrouiller par nos propres moyens, prendre tous les risques opérationnels et financiers. Au départ du projet, nous souhaitions organiser le concert dans une salle à Lyon, mais cela s’est avéré impossible à réaliser. Lyon Métropole vient à peine de naître (depuis le 1er janvier) et il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour qu’une vraie dynamique métropolitaine se mette en place. Nous fondons cependant beaucoup d’espoir pour l’avenir.
Pour revenir à votre question première sur l’action pédagogique, nous avons pleinement réalisé l’objectif fixé au départ : 50 élèves du Conservatoire de Limonest ont bénéficié de 6 ateliers et master-class avec le précieux concours de 15 membres du Simon Bolivar Big Band Jazz et bien sûr, du Maestro Andres Briceño (chef du SBBBJ). Pour chaque atelier, nous avions réuni par discipline les musiciens des deux écoles partenaires (trompettistes, percussionnistes, etc…). La Master-class de Maestro Briceño a été tout simplement renversante : il a été très à l’écoute de tous les élèves quelque soit leur niveau, du débutant au plus confirmé. Et il transmet tout ce qu’il sait : dans sa façon d’expliquer comment il fait apprendre la batterie à ses élèves, il pouvait s’appuyer sur 4 de ses élèves pour les démonstrations. La partie découverte des instruments de musique traditionnelle (des instruments qui n’existent pas en Europe et que l’orchestre a transportés dans ses bagages) a été enrichissante.
Ce lundi 12 octobre au soir, les Ateliers et Master-Class se concluent par un bœuf géant : 70 musiciens ( !) sont montés sur scène pour partager le plaisir de la musique. Je peux vous assurer que nous avons l’habitude d’organiser des Jazz Club (trois fois par an depuis 5 ans), mais là, arriver à ce point d’excellence et d’impact : jamais !
C’était juste incroyable : toutes les générations sont montés sur scène (12 ans aux séniors) et ont partagé 3 heures de musique non-stop. Andres Briceño pour les Vénézuéliens et Stéphane Rivero pour les français ont fait assaut de talents conjugués pour lancer la jam : un batteur et un bassiste qui se rencontraient pour la première fois, complices au bout de deux minutes ; c’est ça la magie du Jazz ! Je veux aussi souligner que je ne pourrais pas proposer ce type de projet à l’équipe de professeurs s’ils n’étaient pas totalement impliqués au quotidien auprès de leurs élèves et aussi des artistes accomplis par ailleurs. Cédric Migazzi et Alexis Requet (saxophone) Laurent Vincenza (guitare) Stéphane Rivero (basse), Yohann Fievet (percussion), Anthony Galinier (trompette) ont pu se libérer de leurs autres obligations professionnelles. Il y a une super équipe à Limonest de façon générale.
Le conservatoire anime plusieurs ensembles de pratique collective : lesquels ?
Effectivement, nous sommes appréciés par les familles qui partagent avec nous les valeurs que s’efforce de porter l’équipe dirigeante et l’équipe enseignante : nous gagnons la confiance et la fidélité de nos élèves en les entourant de bienveillance et d’écoute personnalisée. L’encadrement de la structure est engagé dans une démarche d’excellence vis-à vis des élèves. Développer leur discipline, l'écoute des autres, l'écoute de soi et participer à leur épanouissement artistique, c’est vraiment notre motivation. Ensuite, nous ne sommes pas différents des autres écoles : c’est le bouche à oreille qui fait la réputation d’un établissement. Limonest est clairement identifié auprès du public comme un centre de formation en pratique collective : théâtre, chœurs d’enfant, orchestres.

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-Le jazz a-t-il une large place au conservatoire ?
Non seulement, le Jazz y occupe une place qui a du sens, mais je dirais même que c’est l’une des rares écoles dans le Rhône qui permet à la fois aux juniors de s’initier via le cours de formation musicale puis ensuite de le pratiquer en formation Big Band permanente. Historiquement, la passion du Jazz débute au début des années 80 par l’accueil du Doncaster Jazz Orchestra dirigé par John Ellis ; ces rencontres ont provoqué des vocations parmi les musiciens, ont donné envie de créer un Big Band Sénior, qui est devenu une formation très appréciée aujourd’hui. Nos orchestres se sont déjà produits au Hot Club de Lyon, au Crescent de Mâcon, au Festival Jazz à Vienne. Nous sommes également jumelés avec le Fenton Jazz Orchestra (FJO), émanation du lycée du même nom, dans le Michigan. Avec un peu de recul, on peut considérer que les visites régulières du FJO américain ainsi que la première à Lyon du Simon Bolivar Big Band constituent la deuxième étape de nos échanges à l’international. Après 30 ans de fructueuse collaboration avec l’Angleterre, les deux partenaires sud et nord-américains ouvrent de nouvelles perspectives très excitantes. Nous avons encore beaucoup à apprendre et à tous niveaux.
-L’exemple de El Sistema venu du Venezuela inspire-il l’équipe pédagogique ?
Le premier choc quand on rencontre des élèves d’El Sistéma c’est que la musique transpire par toutes les pores de leur peau : ils ne jouent pas de la musique, ils sont musique !
Alors évidemment, vous imaginez la peur des nôtres (nos élèves) qui parfois peuvent être trop impressionnés et ne se sentent pas à la hauteur. J’ai passé pas mal de temps à expliquer dans les semaines qui ont précédé ce qu’ils allaient vivre :
mais c'est difficile pour des élèves français d'imaginer ce qui allait arriver; ils ont pris un grosse claque et nous aussi bien sûr.