Marie Laure PARADIS
"20 ans d’expérimentation de pédagogie musicale ont succédé avec passion à ma formation d’éducatrice de jeunes enfants. Mon approche de pédagogue plus que de musicienne m’a permis de creuser un sillon fertile distinct des méthodes rébarbatives et capables de produire à terme des instrumentistes reconnus par le système en place. Ces 20 années m’ont vu développer deux champs d’action dont l’un est l’aboutissement de l’autre. Je crois que la musique fait autant partie de notre vie que notre langage. Mon objectif et mon combat consistent à démontrer, par l’exemple de la petite enfance, que FAIRE de la musique permet ensuite de l’apprendre, tout comme babiller permet ensuite de parler puis mène à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture…" (Marie-Laure Paradis) C’est du Québec qu’est venue son inspiration où le violoniste Claude Létourneau, qui a mis au point la méthode Suzuki et fut l'initiateur du Mouvement Vivaldi, l’incita a pratiquer l’enseignement collectif et l’accessibilité à la musique pour tous. Les réactions des enfants comme des adultes l’ont encouragée dans cette voie et lui ont permis progressivement d’affiner son approche pédagogique et d’intéresser certains professionnels qui ont choisi de la rejoindre au sein du Mouvement Vivaldi. Les élèves sont évalués par des musiciens/professeurs extérieurs à l’association, ce qui permet de recueillir un avis et entendre un discours différent. L’adhésion des parents qui deviennent eux-mêmes élèves, qui s’engagent au sein de l’Association, ainsi que le développement du mouvement, ne font que renforcer sa conviction : la musique est accessible à tous – chacun à sa façon et selon ses possibilités, ses ambitions – la musique est vecteur de lien social et noue le dialogue inter-générations. Démarré en 1997, le projet d’école en partenariat avec l’école Guy Môquet de Nogent sur Marne est, d’une part, l’aboutissement d’une première expérience effectuée sur Neuilly-Plaisance au sein de 2 écoles maternelles (Innovation de « la Musique à l’Ecole » avec véritable enseignement collectif proposé à TOUS les enfants sans discrimination) et, d’autre part, la volonté de l’équipe enseignante – directeur en tête – de proposer un projet fédérateur permettant un rééquilibrage des milieux sociaux et offrant à des enfants de tous milieux la chance de jouer d’un instrument dit prestigieux et habituellement réservé « aux autres ». Cet enseignement montre que la musique peut être un moyen pédagogique extraordinaire pour permettre à certains enfants d’accéder à un autre univers et pour pouvoir s’aimer soi-même à nouveau. C’est de plus, un lieu d’apprentissage de la différence, de la citoyenneté, un univers à partager en famille et entre amis. L’enfant découvre le plaisir de créer et l’effort qui génère la satisfaction. La musique à l’école offre par la suite aux enfants soit de se diriger vers des structures leur permettant d’approfondir cette découverte, soit tout simplement de ne plus avoir peur de pousser la porte d’une salle de concert. Pour eux, c’est découvrir la valeur des silences, l’écoute des autres et de soi-même, l’audace de s’exprimer à découvert, le plaisir de savoir vivre sans « zapping »…. Marie-Laure Paradis est depuis 1986, fondatrice, responsable pédagogique et professeur de violon au sein de l’Association Vivaldi et professeur de violon au sein de nombreuses écoles primaires de la région parisienne. En outre, elle a perfectionné sa formation au Québec auprès de Claude Létourneau et sa disciple Aline Papineau de l’Association Vivaldi en obtenant les « étapes » permettant d’enseigner le violon suivant cette pédagogie. Cette méthode emploi des moyens pédagogiques extraordinaires en instaurant un travail complet et une ouverture pour les enfants de tous milieux qui, sans cela, n’auraient jamais pu « faire » de la musique : travail de la citoyenneté, travail de la concentration, développement de l’effort, redonner une place à chaque enfant, développement de l’autonomie, intégration des enfants non francophones, développement de la solidarité, apprentissage du respect de l’autre et du matériel prêté, création au niveau de toutes les classes d’un spectacle, thème que toutes les classes travaillent sur des plans différents (par exemple, réalisation d’un livre inter mat/CE2 – réalisation de décors donc art plastique production d’écrits,apprentissage de poésies...) Les cours de violons sont donnée d’une manière innovante et particulière : la classe entière 2x30mn/semaine et par demi groupes pour les maternelles, véritable cours collectifs pour aller à l’essentiel, sans se perdre dans le verbiage – trouver les gestes simples et compréhensibles – sur le plan personnel c’est passionnant ! aucune sélection. Dans les classes, priorité à la mémoire auditive même si les partitions existent et si parfois pendant les cours, les élèves essaient de les suivre, ou s’il y a un minimum d’apprentissage de lecture de notes. De toute façon, peu de pupitres dans la classe ! L’ambiance au violon ne peut être la même qu’en classe. L’important, c’est qu’ils osent dire ce qu’ils ont à dire tant en paroles que sur leur instrument. Mais on ne doit jamais gêner le groupe, et on se doit de respecter et d’écouter l’autre même si ce dernier est en difficulté. Le but est d’instaurer un réel dialogue, dans le sens où ils ont le droit de tout dire. Le fait d’être intervenante change aussi la donne pour eux. Certains viennent aider le matin à préparer la salle, accorder les violons et c’est un moment où ils parlent : la récompense, pouvoir jouer ensuite du violon et s’approprier l’instrument tout seul, jouer ce qu’ils veulent et éventuellement demander de l’aide. Lors de ces moments-là on y voit des relations extras : ils s’entraident, révisent, innovent, créent. Par contre instauration d’un cadre très strict et cohérent : il y a des règles pour ne pas abîmer les instruments, pour pouvoir fonctionner tous ensemble. C’est aussi parce qu’il y a un cadre que chacun peut y trouver sa place. L’objectif est que chaque enfant « se mobilise » et fasse le maximum de ce qu’il peut faire. Il n’y a pas d’évaluation par rapport aux autres, mais par rapport à lui-même. C’est l’apprentissage de la réussite personnelle pour soi même. |
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