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André Bellis

Trompettiste et pédagogue Inoublié



Avec l’allongement relatif de la durée de la vie, on peut imaginer qu’au crépuscule d’une très longue vie, les anciens collègues et les connaissances professionnelles vous aient oublié.

C’est parfois malheureusement le cas.
Mais parfois, une personnalité, comme André Bellis, reste à jamais présente.

andré bellis
André Bellis, trompettiste et pédagogue est décédé à 95 ans, le 25 décembre dernier. Bien qu’en retraite depuis 1990, régulièrement, ses amis, souvent d’anciens élèves venaient le voir et se souvenir avec lui de leur début de trompettiste au Conservatoire de Caen. André Bellis y a enseigné à la suite de son père François. A eux deux, ils totalisent quasiment un record de longévité dans un conservatoire et de la formation de plusieurs lignées de grand trompettistes, de Pierre Pollin à Antoine Curé ou Pierre Dutot, Yves Galin, du  neveu Dominique Bougard,  Trompette solo de l’Orchestre de Montpellier, de Pascal Pernoit qui lui succéda au CRR de Caen…. et bien sûr d’innombrables trompettistes amateurs éclairés.

François Bellis (1888-1970) était un brillant cornettiste qui avant-guerre excellait dans l’interprétation des fantaisies d’opérettes et de polkas accompagné par l’harmonie de Caen, la Fraternelle. Il prit également la direction de cette phalange l’amenant en division d’honneur au concours de Mâcon en 1956. En 1969, François légua sa baguette et son poste de professeur au Conservatoire de Caen à son fils André.

André Bellis, sur les conseils de son père avait pris des cours particuliers complémentaires en 1959 avec un jeune collègue, Roger Delmotte, Premier Prix de Genève en 1950. C’est Roger Delmotte qui l’initiera au grand répertoire et à la pédagogie. Jusqu’à cette époque André Bellis s’était forgée une solide réputation dans le répertoire de variétés et de jazz intégrant dès 1939 le Big Band de Jean Lebreton. Un an plus tard, ce fut un passage imposé en Allemagne dans un camp de prisonnier où heureusement il intégra l’orchestre du Théâtre-Opéra Wiesbaden.
Libéré il rejoint les orchestres de Marcel Coestier, Jean Lebreton et dès 1951 celui du  Théâtre de Caen.

Dans les années 1970, il se familiarisera avec les nouvelles études pour trompette venues d’Amérique, comme Max Schlossberg et  Charles Colin.

André Bellis poursuivit une triple carrière, de pédagogue, de chef d’orchestre de la Fraternelle jusqu’en 1990 et de trompettiste, à l’orchestre de Caen, de Rouen (symphonique et lyrique) et dans les orchestres de danse ou le Big Band ‘Prestige’.

Sa classe de trompette débordant d’élèves, il fut créé un second poste confié à Pierre Dutot qui venait de terminer ses études avec succès au conservatoire de Paris. Quelle belle récompense pour Pierre Dutot, devenir le collègue de celui qui était devenu son père de substitution.
andré bellis, gérard goupil et pierre dutot
Pierre Dutot, Gérard Goupil et André Bellis                               © Archives Ouest-France

Cette filiation, Pierre Dutot a su l’entretenir, avec tout le respect qui se doit à son ainé et professeur à qui il reconnaît une « admiration folle » pour cet homme  « d’une patience et d’une gentillesse infinies.
André Bellis s’était également engagé dans l’éducation populaire en tant que Vice-président de la Fédération musicale de Basse-Normandie et directeur de l’école municipale de Ouistreham qu’il anima jusqu’en 2001.
Pour ses 90 ans, quatre-vingt-dix musiciens lui avait rendu hommage, lors d'un concert à  l’Église Saint-Étienne de Caen rassemblant près de 1 500 spectateurs. Puis 92 musiciens pour ses 92 ans.
Pour fêter ces 95 ans, l'Abbaye aux hommes à Caen accueillit en septembre 2017 quatre-vingt-quinze trompettistes, venus de toute la région, célébrant l'anniversaire de leur ancien professeur.

Un de ses anciens élèves, Yves Galin avait composé pour la circonstance une pièce intitulée "A travers les âges".
« Il nous avait donné rendez-vous pour ses 100 ans, il avait une de ses pêches. »
C’est malheureusement pour ses funérailles que ses amis musiciens se retrouvèrent le vendredi 29 décembre en l'abbatiale Saint-Étienne de Caen.

Mais tous ses anciens élèves et amis se dire qu’ils avaient été heureux d’accompagner de son vivant celui qui leur fit aimer la musique et surtout de transmettre cette passion qui vous colle à la peau jusque la fin et peut-être plus. On ne sait jamais !

Y.R.