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La SYMPHONIE de Paul FAUCHET

Résurgence en mystères aux Editions Robert Martin ! (2/2)



PAUL FAUCHET
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guillaume balay 1Après plusieurs mois de préparation, de confrontations entre différentes versions  imprimées "d'époque" et la soigneuse étude du matériel original, la partition et le matériel  complet de la Symphonie de Paul Fauchet sont enfin disponibles à la vente aux Éditions Robert Martin.
Rappelons que cette partition importante pour l'histoire de l'Orchestre d'Harmonie (c'est certainement, de toute la littérature connue à ce jour,  la première œuvre originale du genre "Symphonie" destinée à une Musique d'Harmonie !) avait été créée en 1926 par la Musique de la Garde Républicaine alors dirigée par Guillaume Balay. Malgré un succès retentissant  (bon nombres d'Harmonies en France possèdent sur leurs étagères les parties originales des années 20 !) et une exportation rapide et glorieuse vers les U.S.A, où cette partition , dans une version "américanisée" pour Concert Band, demeure l'un des piliers du répertoire des Orchestres d'Harmonie, cette Symphonie en quatre mouvements de type "Romantique" (d'un autre temps ? Au langage trop ancien pour  les modernes de 1926 ?) s'est éteinte progressivement dans sa diffusion, au point de n'être connue, en son propre pays, que  par de rares spécialistes ou passionnés du répertoire.
 C'est donc afin de donner une véritable résurgence, dans le cadre de sa mission de défense de la musique française, que le Éditions Robert Martin allié au CDMC de Guebwiller ont travaillé sur cette nouvelle édition qui propose de revenir à l'esprit de l'Harmonie à la française des années 20.
Pour cet article qui complètera celui publié dans la Newslettre n°5, autour  du mystère Paul Fauchet, nous vous proposons maintenant de découvrir les textes qui figurent dans la préface éditoriale attenante à la partition :


Commentaires sur le travail de révision :
De par sa structure, érigée selon les traditionnels quatre mouvements vif-lent-scherzo-vif,  La Symphonie pour Musique d’Harmonie de Paul Fauchet peut être déclinée comme « Classique ». Son architecture fait référence aux modèles du début du XIXe siècle (Beethoven) et à ceux, aux dimensions plus vastes, présentés par les grands symphonistes romantiques. Cette œuvre s’inscrit plus dans la tradition symphonique française d’un Camille Saint-Saëns ou autres compositeurs de l’Ars Gallica de la fin du XIXe siècle que dans l’esthétique des années folles utilisée par Ravel ou le moderne Groupe des Six.
Certains musicologues considèrent  cette œuvre comme une Suite en quatre mouvements plus qu’une Symphonie au sens strict du terme.  En dehors des débats sur la forme, la musique de Fauchet est finement construite. Son équilibre structurel permet de révéler une grande richesse mélodique, des textures denses et sophistiquées. La sonorité d’une grande richesse,  pensée à la manière d’un orgue, est manifestement éloignée de l’idéal classique tricolore qui prône la transparence et légèreté. L’instrumentation choisie va également dans en ce sens. Notamment avec l’utilisation dans la section cuivres, des saxhorns de facture française, instruments très en vogue au début du XXe siècle, et malheureusement, de plus en plus rare de nos jours. La Symphonie pour Musique d’Harmonie de Paul Fauchet reste, de manière inexplicable, méconnue dans son propre pays d’origine (1).  Elle fait partie, sans aucun doute, des les œuvres originales pour Orchestre d’ Harmonie les plus significatives du début du XXe siècle. (2)
 L’objet principal de cette nouvelle édition est de donner une résurgence, pour le plus grand nombre d’orchestres, à cette œuvre négligée mais maitresse du patrimoine français de la musique pour instruments à vent, et de retrouver une sonorité plus proche des intentions premières du compositeur. Après sa  création en 1926 par la Musique de la Garde Républicaine de Paris, sous la direction de son chef  Guillaume Balay, une autre édition de cette partition est apparue aux Etats -Unis, sous le nom de Symphonie en Sib (3). Cette version, adaptée aux effectifs des orchestres américains, change légèrement l’instrumentation, surtout pour les cuivres, mais au final, modifie considérablement  les teintes de l’orchestration. En effet, les couleurs orchestrales choisies par les éditeurs américains s’éloignent des préférences de Fauchet.  Ainsi, certaines parties furent alors considérablement modifiées, à l’exemple du quatuor des cors, des cornets ou bassons…
La création américaine fut donnée en 1933, par le Carleton College Symphony Band (Grand Rapids, Michigan), sous la direction de James Robert Gillette,  lequel adapta l’Ouverture et le Finale, tandis que son collègue  Frank Campbell Watson travailla sur la réorchestration à l’américaine des deux autres mouvements. (4)

Miguel Etchegoncelay (octobre 2010)
(Révision du texte et annotations de François Dru)

(1)     : la difficulté première de sa diffusion provenait de sa non disponibilité éditoriale. De manière étrange, le dépôt légal n’a pas été enclenché du vivant de Fauchet et aucune partition ne subsiste à la Bibliothèque Nationale de France (sauf les parties séparées du mouvement 1 - Ouverture). Le seul conducteur complet localisé dans le réseau des bibliothèques européennes est disponible à la Bibliothèque Royale du Danemark ! Le fonds Evette et Schaeffer racheté dans les années 1930 par Buffet Crampon a été mis au pilon, il y a plusieurs décennies, par la maison Alphonse Leduc, actuel détenteur légal de la partition de Fauchet. Il ne subsiste que  très peu d’éléments d’archives à la bibliothèque de la Musique de la Garde Républicaine (le Lieutenant-colonel Dominique Gable avait fait procéder, il y a quelques mois, à une reconstitution du conducteur en fonction des parties disponibles dans la bibliothèque de la Garde Républicaine). Néanmoins, concernant la France, cette partition qui était entrée dans les bibliothèques des Musiques municipales avant la Seconde Guerre Mondiale, fut défendue, en France, ces dernières années par l’Orchestre d’Harmonie du Centre  - dir. Philippe Ferro ou l’Orchestre d’Harmonie de Nantes – dir. Frederic Oster. Cette partition figure toujours au répertoire des Windband universitaires américains et est donnée chaque saison à de nombreuses reprises aux USA. Sous la direction de Miguel Etchegoncelay, L’Orchestre National d’Harmonie des Jeunes de la C.M.F. a récemment proposé cette œuvre en concert.
(2)     : si l’on excepte la Symphonie pour vents de Gossec en Ut majeur (1794) et la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz, œuvre de cérémonie et plein air non destinée à la salle de concert, la Symphonie de Paul Fauchet est très certainement la première Symphonie de toute l’histoire de la musique destinée à un Orchestre d’Harmonie ! Il faut rappeler la glorieuse période de Guillaume Balay (1871-1943) qui, à la tête de sa Musique de la Garde Républicaine jusqu’en 1927, passa commande à des compositeurs majeurs de son temps et favorisa l’éclosion et l’assise d’un solide répertoire original pour Harmonie, à l’exemple des incroyables partitions de Florent Schmitt (Les Dionysiaques – 1913)
(3)     : la création de la Symphonie de Fauchet par la Musique de la Garde Républicaine et Guillaume Balay est véhiculée d’article en article mais très peu d’éléments peuvent à l’heure actuelle confirmer ce fait. Malheureusement, il ne subsiste aucune archives à la Garde Républicaine (date précise, programme, contrat, échanges entre Balay et Fauchet…). Sylvie Hue, clarinettiste et historienne de la Garde, auteur d’un remarquable ouvrage sur l’histoire de sa formation concède ne pouvoir apporter un seul indice stipulant cette création. Néanmoins, le journal américain Music Educators d’octobre 1934 évoque « apportée ici (aux USA) en 1926, cette œuvre très peu connue en dehors du territoire français avait connu sa première par la Musique de la Républicaine ». Preuve en serait faite. Reste à connaître la date exacte de création et les conditions…
(4)     : détails précisés par l’article d’octobre 1934. Option cité ci-dessus
(5)     : instrument toujours de référence pour l’école française de trompette et utilisé par de nombreux solistes des grandes phalanges symphoniques américaines à l’exemple de Philip Smith ou Adolph Herseth.
(6)     : ce « tambour militaire », élément de la « batterie » selon la désignation typiquement française est celui encore utilisé par les musiques militaires françaises. A l’orchestre, il était joué sur un trépied. Dans Fêtes, Debussy, pour signifier le défilé de la Garde Républicaine, demande un «Tambour militaire ». Sonorité bien différente de la caisse-claire demandée par Ravel dans Boléro en 1928.

Bibliographie et références :
-    Mitchell, J.C. (1985). Paul Robert Marcel Fauchet: Symphony in B-flat. Journal of Band Research.
-    Pieters Francis, Les Symphonies pour Orchestre d’Harmonie de Paul Fauchet et James Robert Gillette. Journal de la Confédération Musicale de France. N°530 – Juin 2007
-    Symphonie pour Musique d’Harmonie. Partition (guidon sur quatre ou cinq voix) de 1926. Collection Orchestre d’Harmonie du Centre – Philippe Ferro
-    Ouverture. Parties séparées de 1926. Département Musique de la Bibliothèque Nationale de France.
-    Conducteur complet. Evette et Schaeffer, 1926. Bibliothèque Royale du Danemark.
-    Sylvie Hue, 150 ans de Musique à la Garde Républicaine – Mémoires d’un orchestre. Editions Nouvelle Arche de Noé (Paris, 1998). ISBN 978-2843680977

A DECOUVRIR SUR INTERNET :

le lien vers la partition des Editions Robert Martin



F.D.