Ce site nécessite JavaScript. Merci d'en autoriser l'exécution.
Please enable JavaScript in order to use this web site.
Pour revenir à la newslettre, cliquez ici
Réseau National Musique et Handicap

RNMH



stand musicora-2Cette année, au salon de la musique, Musicora, l’accent a été mis sur « L’accès à la musique pour tous – Tous les publics à tous les âges ». Et bien entendu, les personnes en situation de handicap étaient concernées. A cette occasion, j’ai eu le plaisir d’avoir un entretien avec Mme Marie-Claude Valette, présidente du Réseau National Musique et Handicap (RNMH).

Christine Félix - Qu’est-ce que l’association RNMH ?

Marie-Claude Valette – Le Réseau National Musique et Handicap (RNMH) est une association créée en 2013, soutenue par le Ministère de la Culture et de la Communication, qui a pour vocation de favoriser l’accès à l’art, la culture et notamment à la musique pour les personnes en situation de handicap. C’est un réseau qui réunit des artistes, des structures d’enseignement musical, des professeurs de musique, des lieux de diffusion et aussi des fédérations représentant les personnes en situation de handicap.
Parmi nos adhérents nous comptons de grosses associations ou des individuels concernés par le secteur culturel.


C.F. – Quels sont ses objectifs ?

M.-C. V. – Le RNMH a pour vocation de favoriser l’accès à l’art, la culture et notamment à la musique pour les personnes en situation de handicap. Son objectif principal est de mettre en relation toutes ces personnes, ces organismes, toutes ces structures qui ne connaissent pas forcément l’existence ou les besoins des uns et autres.
Son rôle est aussi d’organiser des rencontres nationales et régionales sur des thèmes précis ou des colloques sur demande des collectivités. Ces rencontres ou ces colloques permettent d’échanger des connaissances et créent des possibilités de partenariat.


C.F. – Le handicap et la culture n’est pourtant pas un sujet nouveau puisqu’une loi a été votée en 2005 ?

M.-C. V. – Oui en effet et il est bon de rappeler ce que dit cette Loi du 11 février 2005 :
 
« Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté… »

En résumé cette loi vise à permettre aux personnes handicapées de participer à la vie sociale et pour ce faire c’est aux villes en général et aux établissements culturels en particulier de leur donner l’accessibilité, pas seulement au niveau du bâti mais aussi au niveau des activités culturelles. Les handicapés sont souvent isolés et pratiquer un instrument leur permet de communiquer.


C.F. – Qu’en est-il aujourd’hui ?

M.-C. V. – Depuis cette loi, les établissements d’enseignement artistique ne sont pas toujours ouverts aux personnes en situation de handicap.
Les élus, les directeurs et les enseignants sont souvent démunis devant l’accueil de ces personnes. C’est pourquoi le Ministère de la culture et l'association MESH (Musique Et Situation de Handicap) ont souhaité concevoir un guide, le vade-mecum, pour permettre aux directeurs ainsi qu’à leurs équipes pédagogiques d’avoir tous les éléments pour accueillir des élèves handicapés. Sa sortie est prévue en décembre 2018.
L’accueil de personnes handicapées dans les conservatoires va faire bouger les mentalités avec l’apparition de nouveaux instruments aux sonorités inhabituelles, l’apparition d’autres modes de jeu et des pédagogies novatrices laissant plus de place à la connaissance du corps et de ses possibilités. Le monde du handicap peut contribuer à la diversité de l’offre culturelle et ainsi enrichir notre culture.

Pourquoi ne pas imaginer les mêmes avancements que dans le sport lors de la création des jeux para-olympique ?

Du côté des personnes handicapées il y a souvent un manque d’information ou une crainte de la déception. Le travail à faire est d’abord de leur donner l’envie.
Un événement comme Musicora permet d’informer et d’ailleurs j’ai été ravie d’y rencontrer des groupes de handicapés.

Il est important de mener de front ces deux éléments essentiels : donner l’envie de faire de la musique aux personnes handicapées et informer, les personnes en situation de handicap mais également les établissements spécialisés et les associations représentatives.

C.F. – Concrètement comment rendre accessible la pratique, l’éducation et l’apprentissage de la musique aux personnes en situation de handicap et quelles expériences sont tentées sur le terrain ?

M.-C. V. –Deux écoles existent : une qui adapte les instruments classiques au handicap et une autre qui crée de nouveaux instruments praticables par tous. Il y a aussi la possibilité d’interfaces entre le corps du musicien handicapé et les instruments.
Pour la première, il existe, entre autres, un lieu qui développe la recherche pour adapter des instruments aux particularités physiques de certains musiciens. Il s’agit de l’ITEMM (institut technologique européen des métiers de la musique), présent à Musicora et à la conférence organisée par le RNMH. C’est un centre européen de la facture instrumentale qui forme des facteurs, des accordeurs et des réparateurs d’instruments. Il a un pôle innovation qui sert d’intermédiaire entre les artisans et les scientifiques de la facture instrumentale. Un des projets de fin d’études des étudiants est la création d’instruments adaptés. On peut imaginer le progrès que ces projets représentent. En effet ces instruments pourront être adaptés au handicap mais également aux morphologies atypiques.

Pour la seconde école, deux personnalités se dégagent.
Tout d’abord Ewen d’Aviau, qui a une triple compétence d’ingénieur, de facteur d’instruments et d’artiste. Il a créé l’octodyna.
Et ensuite Georges Alloro, Maître d’art de facteur d’instrument en France, facteur d’instruments nouveaux. Depuis 2011, à la suite d’une demande de Dominique Forni (musicien, animateur d’ateliers de musique auprès de personnes handicapées), il est à l’initiative d’un projet de création d’un instrument collectif destiné à permettre aux personnes en situation de handicap d’apprendre la musique.

En ce concerne les expériences sur le terrain, on peut citer :
Le conservatoire Henri Dutilleux, à Clamart. Ce projet est né et a été porté par une maman d’un enfant musicien amateur en situation de handicap, déléguée à la culture de Clamart. Il a été pris en main par Antoine Chivert, professeur.
Le conservatoire de Caen est un gros centre qui dépend du conservatoire mais qui ne reçoit que des personnes en situation de handicap. Laurent Lebouteiller, coordinateur du centre, clarinettiste de formation, est à l’initiative de projet.

Les différentes recherches que ce soit au niveau de la facture instrumentale ou de la pédagogie vont permettre un enrichissement et un renouvellement de l’apprentissage, de la transmission et du langage musical qui pourront bénéficier à tous.

chorale inclusive
Les personnes handicapées sont des citoyens avant tout et la question de leur accès à la culture ne devrait pas se poser. Les choses évoluent lentement. Malgré tout les nombreuses initiatives laissent penser qu’elles évoluent dans le bon sens même si aujourd’hui encore, malgré la loi sur le handicap de 2005, l’accessibilité des personnes handicapées n’est pas résolue dans bon nombre d’établissements. Et puis il y a une réelle prise de conscience du handicap par les Collectivités Territoriales et le Ministère de la Culture. Le Vade-Mecum en est la preuve et sera très utile aux différents acteurs de l’éducation et de l’apprentissage de la musique.

Le RNMH est soutenu par le Ministère de la culture depuis sa création

 
C.F.