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La Mélodie

Invitation à l’espérance



violoniste sur le toit
Une fois de plus, ne boudons pas notre plaisir de voir le grand écran et les médias français s’intéresser aux instrumentistes, à l’enseignement, à l’éducation artistique et culturelle, en mettant en lumière une classe de 6ème d’un collège « condamnée » à apprendre et jouer du violon.

« Condamnés », le mot est-il trop fort ?

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Pas si on se remémore les premières séquences du film : le personnage principal, Simon Daoud, dos courbé, regard perdu, étui de violon incongru, passe les portes d’un collège, comme celle d’un pénitencier. Le professeur principal d’une classe de 6ème, accueille ce violoniste, un peu à la peine sur tous les plans, affectif, familial et professionnel. Les élèves ne sont pas, eux n’ont plus dans l’attente de l’apprentissage du violon et découvrent qu’ils ont été choisi dans le cadre d’un programme évoquant le dispositif DEMOS ((Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale). L’objectif, amener cette classe de 6ème à participer en fin d’année scolaire à un concert à la Philharmonie de Paris pour interpréter un extrait de Schéhérazade de Rimski-Korsakov.         

Soyons  clair, le réalisateur Rachid Hami fait rimer DEMOS avec Pathos, mais là n’est pas l’essentiel.

Ce récit cinématographique s’appuie sur des expériences vécues par de nombreux enfants qui découvrent la pratique musicale avec des projets collectifs les menant sur scène dès la première année. Ce film n’hésite pas à mettre en avant le désarroi d’un musicien professionnel désarmé face à une pédagogie collective qu’il ne maitrise pas. Dès le départ, les enfants lui font remarquer qu’il confond deux mots pour eux antagonistes : Jouer et Travailler. Jouer du violon, c’est sérieux, donc on ne joue pas !

Au cours du film, chacun apprendra de tous. N’est-ce pas là la magie de l’apprentissage initial collectif prôné par les dispositifs DEMOS, Orchestres à l’école, Passeurs d’art…?
Les jeunes acteurs ont été choisis lors de castings sauvages dans les environs du quartier de la Place des fêtes, dans le XIXe arrondissement de Paris, où se déroule l’histoire. Bien entendu aucun n’avait été initié au violon ni à la pratique musicale. Y compris le jeune Alfred Renely, interprète d’Arnold, passionné par le violon qui soude le groupe dans l’histoire.
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Le réalisateur insiste : "Les enfants ont donc beaucoup travaillé : au début, ils avaient deux petites heures de cours par semaine puis on a mis un coup d’accélérateur pendant la préparation pour faire en sorte qu’ils acquièrent le niveau de fin de première année. Et lorsqu’ils ont réalisé, à la première répétition de Shéhérazade, qu’ils étaient prêts, leur fierté n’en était que multipliée". Kad Merah précise : "Sur le tournage, on était loin de la colonie de vacances festive. En fait, on était dans une vraie classe. Il y avait des punitions, des moments très joyeux, des moments où on n'en pouvait plus. C'était difficile. Mais quand on a vécu un tournage difficile, ce qui nous reste, c'est les bons souvenirs".

Comme les enfants, Kad Merah s’est initié pendant trois mois au violon grâce à la patience de David Naulin, violoniste professionnel et personnage central de la préparation du film. «Tous les jours, avec du travail à faire à la maison tout seul. Je suis très peu doublé", précise l’acteur.

Pourtant le challenge était d’importance. Si le réalisateur avait imposé La mer et le vaisseau de Simbad de Shéhérazade pour la scène finale, David Naulin s’est évertué à faire entrer dans la gestique de Kad Merad la Chaconne de la 2e partita en ré mineur de Bach. Kad Merah se glisse également dans la peau d’un chambriste en quatuor dans la scène du "Divertimento en ré majeur" de Mozart.

Laurent Bayle, directeur de de la Philharmonique de Paris et initiateur en 2010 du projet DEMOS a accueilli pour le tournage trois caméras, quatre cents figurants et un orchestre de soixante-cinq musiciens, les acteurs et une grue imposante. Les enfants se sont bien comportés pendant les premières prises mais ont été décontenancés à l’arrivée des figurants représentant le public. C’était enfin pour de vrai qu’ils allaient JOUER. Enfin presque….
Lors des dernières séquences du film sur la scène de la Philharmonique de Paris, l’orchestre, composé de jeunes instrumentistes débutants venus de divers collège et encadrés par quelques musiciens professionnels, est dirigé par le comédien Mathieu Spinosi. Pour lui, fils du violoniste et chef d’orchestre Jean-Christophe Spinosi, ce n’est pas un rôle de composition. Mathieu Spinosi, violoniste formé au Conservatoire de Brest, membre de l’Ensemble Matheus, fondé par son père, a longtemps hésité avant de choisir entre la carrière musicale et le métier d’acteur. Après une formation au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, il se consacre à sa deuxième vocation. Sa participation au film La Mélodie lui a permis de concilier ses deux passions.  "Un tout petit rôle de chef d’orchestre, mais j'ai adoré l'exercice et j'en ai beaucoup parlé avec mon père qui m'a donné des conseils". Les conseils du père ont porté leurs fruits, l’orchestre dirigé par Mathieu Spinosi sonne merveilleusement. Trop, pour un orchestre d’instrumentistes débutants. Dès l’évocation de la Mer de Shéhérazade, les cuivres sont grandioses. Dans le générique, l’explication est donnée par la liste des musiciens professionnels qui ont participé à l’enregistrement de la bande de son. Dommage qu’un véritable orchestre de jeunes instrumentistes n’ai pas été sollicité pour cet enregistrement, cela aurait apporté une plus grande crédibilité revendiquée par le réalisateur Rachid Hami qui s’est appuyé "sur des éléments réalistes, qui existent vraiment."

La mélodie, Production Mizar film, sur tous vos écrans

Y.R.