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Paul Taffanel et Sir James Galway à l’honneur

4ème Convention Française de la Flûte à Paris



james galwayPaul Taffanel et Sir James Galway à l’honneur
4ème Convention Française de la Flûte à Paris

La liste est longue des flûtistes et musiciens conviés par l’association La Traversière organisatrice tous les quatre années d’une Convention de la flûte à Paris.
L’ensemble des locaux mis à disposition du CRR de Paris, rue de Madrid, s’avérait presque trop exigus pour recevoir les professionnels et amateurs venus de France et du monde entier. Un véritable succès pour les bénévoles de l’association La Traversière qui se sont mis en quatre pour essayer de satisfaire, artistes, spectateurs, exposants, luthiers et éditeurs.

Il faut dire que le bureau de l’association animé par son Président Pierre-Yves Artaud et le trésorier Claude Abraham avait vu grand pour que la renommée de l’école française de la flûte garde son statut de fer de lance.

Les artistes invités étaient prestigieux avec à leur tête, James Galway, Emmanuel Pahud, Denis Bouriakov, mais aussi des concerts avec Lukasz Dlugosz, Davide Formisano, Sophie Cherrier, Magali Mosnier, Juliette Hurel… Honneur aussi aux ainés comme la flûtiste Odette Dias, une légende au Brésil, le grand compositeur Stankovitch, une éminente figure Ukrainienne, et le grand maître français Raymond Guiot. Une place de choix également dans le programme pour les flûtes extra européennes avec Zhang Weiliang, Véronique Piron et Henri Tournier. Le jazz aussi bien que le baroque, et pour la première fois la technique de la "beat box".
La pédagogie et l’histoire furent également présentes par des conférences passionnantes sur Taffanel, Lot et Rampal. Sophie Dufeutrelle évoqua par l’exemple sa conception de l’enseignement. Et côté lutherie, le grand retour sur scène de la légendaire flûte en or fabriquée par Louis Lot en 1869 propriété de l’immense Jean-Pierre Rampal, et rejouée par Shigenori Kudo grâce à la gentillesse de Françoise Rampal. L’indestructible Paul Kuentz dirigeait son orchestre éponyme.

La convention en quelques chiffres
  • 22 programmes exceptionnels de concerts avec plus de 40 solistes. Des ensembles divers dont l’Orchestre de flûtes français (OFF) et l’Orchestre National de flûtes du Venezuela qui mit en évidence les prémices de El Sistema France des Passeurs d’Arts.
  • 30 Master-Classes par les solistes internationaux, Ateliers et Conférences d’initiation à la musique contemporaine, le jazz, la connaissance du répertoire et l'orchestre de flûtes.
  • 40 Exposants français et étrangers, luthiers et éditeurs.
  • Les Editions Robert Martin présentait l’ensemble de son catalogue des œuvres pour flûtes et notamment les recueils pédagogiques de la collection d’Annick Sarrien Perrier.
  • Des Milliers de kilomètres parcourus par plusieurs spectateurs pour rejoindre Paris et ne pas rater cette convention.
  • Nous citerons la compositrice Japonaise Kumiko Tanaka qui fit le déplacement aller-retour Osaka-Paris (voir présentation NL Robert Matin N°8 janvier 2010) et deux jeunes flûtistes russes, l’une venue spécialement de Saint-Pétersbourg, Adelina Kasyanenko et Anna Roux, récemment installée en France.
  • Des dizaines de jeunes lauréats du concours de dessins.
  • Une centaines de dessins exposés en compétition sur le thème de la flûte. A était primé ; le dessin d’Alina Kateva, 10 ans venue de Russie qui remporte un piccolo.sans titre-1 copie.jpger prix dessin
Fort de cette dynamique, l’association La Traversière annonce la parution régulière du nouveau magazine "Traversière Juniors" et continue la diffusion de sa revue officielle.

jacq-taffanel-detPaul Taffanel, né à Bordeaux en 1844 et mort à Paris en 1908, est considéré comme le fondateur de l'école française de flûte traversière, qui domina la discipline de cet instrument tant au plan de la composition que de l'interprétation pendant la majeure partie du XXe siècle.
Virtuose précoce, il donne son premier concert à 10 ans après une seule année de pratique avec son père. À 16 ans, il remporte un premier prix au conservatoire de Paris dans la classe de Louis Dorus. Il mènera durant 30 ans une carrière de soliste. Comme compositeur, comme  Dvorak, Bartok ou Sibelius, Taffanel cherchait à promouvoir un style national en musique.
On lui doit, comme fondateur en 1879 de la Société de musique de chambre pour instruments à vent, la redécouverte des compositions de Mozart et d’autres compositeurs du XVIIIème siècle. Comme professeur de flûte au Conservatoire il modernise le répertoire en y réintroduisant les compositeurs étrangers, tels que Bach et les méthodes pédagogiques.
Il laissa inachevée une grande méthode de flûte, 17 Grands Exercices journaliers de mécanisme, complétée après sa mort par deux de ses élèves, Louis Fleury et Philippe Gaubert.
Entretien avec Pierre-Yves Artaud
Concertiste, chercheur et de pédagogue



C’est dans l’esprit de rencontres internationales que vous avez inscrit cette quatrième convention de la Flûte organisée à Paris
Cette à cette  échelle qu’il faut résonner et dans tous les domaines. Avec les modes rapides de communication, nous avons le monde à notre porte. Surtout avec Internet qui nous permet maintenant de communiquer instantanément avec l’ensemble de nos amis du monde entier. C’est très important car l’art maintenant et de plus en plus se nourrit de la connaissance des autres cultures, des autres hommes qui pensent différemment et cet échange est très créatif. D’où cette convention très ouverte. C’est la marque du XXIème et personnellement je ne peux l’envisager autrement.
Cette marque du XXIème siècle vous avez voulu l’associer à un artiste de la fin du XIXème, Taffanel. Pourquoi ?
J’ai désiré mettre la convention sous le signe de Paul Taffanel pour deux raisons : la parution récente de la version française du livre d’Edward Blakeman, Taffanel, un génie de la flûte et aussi parce l’enseignement, la vie, la pensée de Taffanel sont déjà en avance sur son temps. Déjà mondialiste, en avance sur différents plans de l’ouverture. Dans le temps, il a rétabli Bach, Mozart dans les programmes pédagogiques des conservatoires et des programmes de concert. Il a beaucoup donné pour la création musicale avec la Société de musique de chambre pour instruments à vent qu’il a fondée en 1879. Une chose extrêmement novatrice. Lui-même compositeur, chef d’orchestre, c’est un homme pluriel qui s’est tourné vers plein d’activités et d’horizons. Toute l’Europe l’intéressait. J’ai l’habitude de dire que nous les musiciens et artistes ont déjà fait l’Europe depuis le XIXème siècle. L’Europe pour nous est déjà étriquée. Maintenant avec les moyens de communication, Internet nous pouvons et devons élargir notre propre horizon. Dans notre convention, il nous était indispensable de le démonter. Nous avons eu des concerts absolument bouleversants avec des musiques traditionnelles de Chine avec des génies de la flûte comme Zhang Weiliang ou Véronique Piron, grand maître de la flûte japonaise, Shakuhachi, qui a fait ses études au Japon. Et donc les traditions et la transversalité avec des artistes japonais comme Shigenori Kudo qui a été élève en France avec Jean-Pierre Rampal et a étudié la tradition française. Voilà le signe que Taffanel voulait nous donner.
Une place d’honneur a été donnée à James Galway
Quand j’ai pris les destinées de l’association La Traversière, je me devais d’organiser une convention particulièrement brillante et ouverte. Car Paris est pour la flûte ce qu’est la Mecque est au Musulmans. Paris c’est l’origine, c’est fort.
James Galway malheureusement n’a jamais tellement était invité en France, en raison de certaines circonstances. Cet homme issu de l’école française, élève de Marcel Moïse, de Jean-Pierre Rampal qui a fait ses études dans ces murs au Conservatoire de Paris, rue de Madrid. Il était temps de réparer cette injustice. C’était le premier invité que je voulais pour cette convention. Je lui ai téléphoné, il s’est gentiment libéré pour être des nôtres. Au soir du concert, Il m’a avoué que lorsque je l’ai appelé, il a été très ému et qu’il a pensé « Enfin, ça y est, la reconnaissance». A la fin de son récital, j’avais les larmes aux yeux de voir tous les flûtistes lui faire une standing ovation. Et lui dire ainsi, Monsieur Galway, nous vous aimons, vous êtes un grand artiste. Pour moi, ce sont des moments très intenses et qui justifient des événements comme cette convention. Et d’apprécier également les plus jeunes. Galway étant le père, et quand on entend les plus jeunes comme Emmanuel Pahud, Bouriakov… on est ébloui par leur talent. C’est extraordinaire, ce passage de relai. J’espère que cette convention variée et très diversifiée a répondu à l’attente de tous.
Bien sûr, on ne peut jamais tout faire. Dans un événement comme celui-ci, ce n’est pas d’avoir des idées qui est difficile, savoir ce que l’on va faire. Mais davantage ce qu’on ne va pas faire. Malheureusement il faut couper car on ne peut pas tout faire faute de temps, de moyens. Il faut se limiter.
Le cycle de quatre ans pour cette convention est-il le bon ?
A priori, oui car tous les ans ont refait la même chose.
Avec la Traversière, nous avons énormément de projets. Le lancement du magazine Traversière Junior qui est déjà publié. Régionaliser l’association, avec des représentants qui sont le relais et nous informent sur ce qui ce passe localement.
J’annonce également que je vais essayer de rétablir le Concours Jean-Pierre Rampal arrêté à mon avis pour des raisons scandaleuses par la Ville de Paris. On va tenter de le rétablir.
Egalement, je vais déposer auprès de l’UNESCO un dossier pour faire inscrire l’Ecole Française de Flûte au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Depuis plus de trois cent ans, l’école de flûte française a beaucoup fait pour l’art et la renommée artistique de la France. La flûte a été l’instrument qui a transporté la musique française à travers le monde.
Les chapelles artistiques, entre les différents styles et courants existent-elles encore ?
Je crois que les chapelles existent encore, elles ont existées, elles existeront toujours. C’est un phénomène que l’on ne peut pas tellement couper. Les gens qui ont peur de l’avenir se regroupent entre eux pour être plus fort. C’est un réflexe de survie. Il faut l’ignorer. Pour certains, cela leur permet de survivre. Pour d’autres, ils ont autre chose à faire que de s’occuper de cela. Personnellement, C’est une chose qui ne concerne absolument pas.
Vous avez consacré la première soirée de la Convention à la présentation du système d’enseignement musical au Venezuela, El Sistema avec des conférences et concerts. Pensez-vous que c’est un modèle que la France devrait suivre ?
C’en est un. Il y en a certainement d’autres. Mais celui on sait qu’il marche. Alors pourquoi ne pas s’en inspirer. Pourquoi ne pas voir. Justement de ce point de vue Jean-Claude Decalonne est très courageux, il essaye d’avoir cette réflexion, de faire le travail d’information et c’est magnifique. On voit qu’il y a des moyens, des idées qui permettent d’améliorer la situation. Cela va au-delà de transmettre la musique. C’est de donner du bonheur aux jeunes, de les faire mieux vivre, d’éliminer dans une certaine proportion la délinquance et l’inactivité. C’est magnifique ! Alors pourquoi ignorer ce modèle. Il marche. Peut-être trouverons-nous autre chose. Mais pour l’instant il y a cela. Alors il ne faut pas comme les trois petits singes « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ». On est un peu comme cela. On entend dire : Ah, mais c’est très bien pour le Venezuela mais cela n’est pas transposable en France. Je pense le contraire. Il faut être modeste et regarder ce qui se passe ailleurs. Comme les Japonais qui pendant des années ont regardé les gens qui savaient avant de créer leur propre style. Il faut en prendre de la graine, et de se donner cette peine de la modestie et de s’ouvrir à ce qui se passe ailleurs.
Les prochains rendez-vous de la Traversière ?
Avec la Traversière nous allons réfléchir à la périodicité de cette convention. Mais j’ai aussi une vie en dehors de la Traversière. A travers mes nombreux voyages et en rencontrant du monde et des initiatives intéressantes et novatrices, je nourri aussi la vie de La Traversière.
Le projet qui me tient à cœur est la relance du Concours Jean-Pierre Rampal, un des plus grands artistes de tout les temps. On lui doit bien cela comme aux jeunes candidats potentiels pour leur reconnaissance.
Comme pour les jeux olympiques, d’hiver et d’été, l’alternance du calendrier tous les deux ans entre la Convention de la Flûte et le Concours me paraît souhaitable. Aurons-nous les moyens financiers et matériels ? La question reste posée.

Questions posées à deux jeunes flûtistes russes
deux russes
-    Adelina Kasyanenko
Je suis venu spécialement de Saint-Pétersbourg pour cette convention. Un grand moment qui me permet d’entendre des grands artistes comme James Galway, Emmanuel Pahud, Denis Bouriakov. J’améliore ainsi mon niveau et perfectionne ainsi mon apprentissage. Ce n’est pas très souvent que l’on a l’occasion de rencontrer, de discuter avec les grands artistes et professeurs du monde entier.
-    Anna Roux
J’ai terminé mes études au Conservatoire de Saint-Pétersbourg et suis lauréate de différents concours dont un premier prix en Bulgarie en 2008. Depuis un an, j’habite à Toulouse et souhaite revenir fréquemment à Paris pour continuer à me perfectionner auprès de professeurs et d’artistes. J’espère pouvoir suivre les master-class de James Galway organisées en Juillet en Suisse et aussi de jouer devant Emmanuel Pahud. Ce qui serait un grand honneur pour moi. J’espère que cela sera possible.
Lors de cette convention ici à Paris, ce qui m’impressionne c’est la rencontrer d’artistes que j’ai simplement découvert en CD. De les approcher de manière conviviale et naturelle. Je suis impressionnée par le charisme de James Galway. Comment il s’exprime et ses conseils qui aident beaucoup.
Chez les jeunes, bien entendu nous aimons beaucoup le jeu d’Emmanuel Pahud mais notre âme slave reste attirée par le jeu de Denis Bouriakov, Ukrainien d’origine. Je suis aussi très fière et c’est très touchant qu’ici à Paris, lors de cette convention la musique russe soit très présente.
En Russie, nous avons deux très grands concours internationaux à Saint-Pétersbourg et à Moscou qui donnent lieu également à de très belles rencontres. Nous avons deux grandes écoles très importantes en flûte. Mais la Culture française et notamment son école de flûte est très appréciée en Russie.


La Traversière
75 bis, avenue Danielle Casanova 94200 Ivry-sur-Seine
traversière.aff@free.fr

Y.R.