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Wenzel SENDLAK (1776-1851)

De l'Art de la transcription contrôlée pour vents !



Wenzel SENDLAK

mozart gran partita adagioLa transcription génère toujours un délicat débat. Trahison envers le message et les habits originaux réalisés par un compositeur, travestissement d'un texte musical, à la manière d'un peintre moderne qui ajouterait une moustache à la Joconde, les réalisations pour Orchestre d'Harmonie d'après des textes  symphoniques laissent bien souvent un sentiment mitigé. Remplacer les bariolages du violon solo de Shéhérazade par une clarinette démontre une incompréhension de l'écriture de Rimsky-Korsakov, et ajouter des harpes dans le Sacre du Printemps, une gageure complète si l'on a lu les commentaires de Stravinsky qui, justement, n'avait pas souhaité inscrire cet instrument trop romantique dans la nomenclature initiale de sa partition révolutionnaire... Sans parler des transcriptions sauvages réalisées et jouées en concert par de prestigieuses Musiques en uniforme sans aucune autorisation de l'éditeur... Roger Boutry l'avait habilement résumé lors d'un entretien sur ce propos, il faut accepter qu'il soit impossible de toucher à certaines partitions, à l'orchestration si finement ciselée qu'on ne peut la rendre autrement. Heureusement, certaines tentatives sont subtilement cousues d'un nouveau fil et peuvent réussir à honorer le texte premier.
D'ailleurs, il faut se souvenir que des génies du rang de Jean-Sébastien Bach ou Franz Liszt avaient transcrit avec un indéniable talent leurs œuvres ou celles de leurs contemporains. La pratique, avant l'arrivée de nomenclatures orchestrales fort complexes était extrêmement courante, et les grands noms de l'histoire de la musique savaient que leurs partitions circulaient dans toute l'Europe, arrangées ou transcrites pour toute les formations. Faut-il rappeler qu'à une ère où la communication n'était pas devenue un enjeu vital pour la diffusion d'un nom, ce vecteur était toléré par les maîtres.
sonate pathetiqueA l'exemple de Ludwig Van Beethoven qui accepta la publication d'arrangements de ses oeuvres réalisées par un clarinettiste bohémien nommé Wenzel Sendlak. Ce musicien a pu gagner son existence au sein des nombreuses Harmonies de cour qui donnaient la sérénade dans les palais ou divertissaient la haute société, aussi bien que le petit peuple qui entendait un concert le soir sur la place d'un village ou au pied d'un maison (pratique en usage à Salzbourg sous l'ère d'un Mozart !). Nous savons que Beethoven regardait d'un œil suspicieux les transcriptions de ses partitions qui circulaient publiquement ou sous le manteau. Il déclara : "la transcription est en général un sujet, pour lequel, en notre époque,  un compositeur se battra en vain. Mais au moins, celles légales, permettent à l'éditeur d'indiquer sur la couverture de la partition la mention de l'arrangeur et cela n'entache pas la réputation de l'auteur et le public n'est pas déçu". 

ouverture rossini sedlakC'est Beethoven, lui-même,  qui contrôla et valida les adaptations pour Harmonie réalisées par Sendlak de ses Symphonies n°7 et 8, de l'Ouverture Egmont et des larges extraits de son opéra Fidelio (nous ne savons pas qui a réalisé la version de 1810 de la Sonate "Pathétique" qui circulait alors dans de nombreux pays). Cela semblait conforme à ses volontés artistiques et permit certainement une plus large diffusion de sa musique. Sendlak de par son talent et ses précieuses affinités avec l'écriture pour les vents réalisa, avec l'accord des auteurs originaux, de très nombreuses adaptations pour ensemble à vent (55 sont recensées dans les différentes bibliothèques européennes). Des Ouvertures de Rossini, de larges extraits du Freischutz de Weber, des Saisons de Haydn, extraits de Bellini, Auber, Meyerbeer ou Donizetti, son nom était célèbre en Europe en cette importante fonction de transcripteur. Au rang de ce qui est de nos jours, une véritable métier pour le cinéma ou le studio d'enregistrement, Sendlak fait figure d'initiateur et de figure tutélaire !

Biographie de Wenzel Sendlak :

Né à Jezbonce, Bohème, le 4 août 1776. Mort à Vienne le 20 novembre 1851). Compositeur et clarinettiste bohémien, il exerça son art auprès du Prince Auersperg vers 1805 et à la cour du Prince Liechtenstein, de 1808 à la dissolution de son Harmonie en janvier 1809. Il revint comme kapellmeister et clarinettiste auprès du Prince Liechtenstein, à la reconstitution de son "Harmonie-Musik" en avril 1812. Sendlak a tenu cette position jusqu’à sa dissolution en mai 1835. Il fut un éminent soliste de la scène viennoise des années 1820, membre du Quintette à vent Sendlak, l’équivalent viennois du très réputé parisien Quintette Reicha. Son nom reste attaché à de nombreuses transcriptions pour Harmonie d’opéras et de partitions de Ballet. Ses transcriptions pour Harmonie présentaient une nomenclature de bois par deux, deux ou quatre cors et quelquefois avec trompettes et trombones. Sa transcription la plus importante fut celle de Fidelio, réalisée sous la direction de l’auteur. Il a aussi composé un Concerto pour cor, des ländler pour clarinette, marches pour ensemble de trompettes et danses et variations pour piano ou ensemble de musique de chambre.

Écouter des extraits d'enregistrements de transcriptions "officielles" de Sendlak
:

- Beethoven, Ouverture de Fidelio - CD Glossa  
https://www.edrmartin.com/extrait-mp3-newslettre/nl_385_830ab.mp3


- Rossini, Prelude de l'Acte IV de Guillaume Tell - CD  
https://www.edrmartin.com/extrait-mp3-newslettre/nl_386_7bb8f.mp3





Un extrait de la Gran Partita de Mozart (œuvre originale !) par les musiciens de l'Orchestre du XVIIIe siècle, direction Franz Brüggen...




F.D.